« L'Europe doit être prête à des opérations militaires plus difficiles »

L'Europe sera-t-elle un jour dotée d'une armée ?« Je pense qu'il n'y aura jamais d'armée européenne, au sens d'une défense autonome avec abandon de souveraineté nationale au bénéfice de l'Europe. La Politique européenne de sécurité et de défense (Pesd) prévoit des actions hors d'Europe, pas en son sein. La Bosnie était une crise pour laquelle nous avons mobilisé une mission, mais il ne s'agissait pas vraiment de défendre la sécurité des 27. Je pense que l'Europe va continuer à développer davantage de capacités autonomes. Mais elle n'assurera pas de manière exclusive sa défense et les liens transatlantiques resteront vitaux. C'est la raison pour laquelle la France rejoint l'Otan. »Après la mission au Tchad de la Force européenne (Eufor), qui a expiré mi-mars, l'Europe va-t-elle vers d'autres opérations de même nature ? « Il y a en effet des pressions pour que nous nous rendions ailleurs dans le monde, en Afghanistan notamment. L'opération accomplie par l'Eufor au Tchad démontre que les responsables européens savent à présent comment mener une opération d'un tel format. Cette opération marque un pas positif vers le développement d'une capacité (Ndlr : militaire) européenne autonome. Mais même si l'action de l'Eufor au Tchad a été un succès, il ne s'agit pas d'en faire un modèle indépassable. L'Europe doit être prête à effectuer des opérations plus difficiles encore. Le mandat confié à l'Eufor prévoyait la neutralité, l'impartialité des troupes vis-à-vis des affaires intérieures du Tchad. Mais un jour, il se peut que l'Europe doive effectuer des opérations dans le cadre desquelles elle ne pourra pas rester impartiale ou neutre, et elle sera amenée à s'engager dans des combats. Les Nations unies lancent des appels pour qu'elle soit plus présente dans le monde. Nous devons y être prêts, que ce soit au sein de l'Otan ou non. Même si certains États membres sont réticents comme l'Allemagne. Il y aurait un risque pour l'Europe à laisser croire qu'elle est limitée aux opérations militaires softs. »Cela demande des moyens et des budgets ?« L'Europe considère qu'elle est déjà surengagée avec l'Afghanistan, le Kosovo, le Tchad. Et la crise contribue à limiter ses moyens budgétaires. Certains États disposent de forces déployables mais pas, pour l'instant, des budgets nécessaires. Or les États membres devraient consacrer 2 % du PIB à la défense si l'on se réfère à la norme Otan. Mis à part quatre ou cinq membres de l'Union ? la Grèce, la Grande-Bretagne, la Bulgarie, la France ? qui respecte ce pourcentage ? Pour autant, l'opération accomplie au Tchad est un succès : elle est le fruit d'une décision politique de la part des États membres. Ceux-ci savent qu'ils peuvent mener leurs opérations de manière autonome, sous l'égide de l'Otan, de l'ONU, ou dans le cadre d'une coalition de pays volontaires ».
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