Les banquiers reprennent goût aux bonus

Une réunion d'étape. C'est l'image que devrait donner le sommet du G8, qui s'ouvre demain en Italie, coincé entre les réunions planétaires du G20 de Londres (2 avril) et de Pittsburgh en septembre. Ce sera l'occasion d'esquisser un premier bilan des réformes du capitalisme : si la plupart des chantiers ont progressé (agence de notation, surveillance macroprudentielle, lutte contre les paradis fiscaux, etc.), il y en a pourtant un qui fait du surplace, au risque de devenir une bombe politique : celui du contrôle des rémunérations des banquiers. « Nous sommes préoccupés ; certains pays, comme le Royaume-Uni ne jouent pas le jeu », s'alarme un haut fonctionnaire français. En effet, tout se passe comme si, moins d'une année après la faillite de Lehman Brothers, et après l'injection de centaines de milliards de dollars mobilisés par les États pour sauver leurs systèmes bancaires, le petit monde de Wall Street et de la City avait repris goût aux bonus, primes et salaires mirobolants. Un cocktail encore plus indécent au moment où le chômage explose.Dès le début de la crise, le sujet de la rémunération figurait en tête des priorités du G20. Pour une raison de morale. Mais aussi pour des motifs d'efficacité économique : l'appât du gain avait conduit les banquiers, bardés de stock-options, à suivre aveuglément des stratégies aussi rémunératrices à court terme qu'hasardeuses pour leurs établissements. Barack Obama, Gordon Brown ou Nicolas Sarkozy avaient donc cherché à monnayer leurs plans de sauvetage bancaire en échange de l'abandon des bonus. Peine perdue : six mois plus tard, les banques n'ont de cesse de vouloir regagner leur liberté (lire ci-dessous). Face à un tel relâchement, Paris entend maintenir la pression. Et l'a fait savoir à Mario Draghi, en marge d'une réunion du Conseil de stabilité financière présidé par l'Italien, le 27 juin. « Il faut que les autorités de régulation disent que ce n'est pas acceptable », estime-t-on à Paris. Un message que la France veut faire entendre, au G8 comme au G20.
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