Les ministres européens des Finances s'efforcent de s'accorder face à la crise

Nicolas Sarkozy persiste et signe ! Il veut, contre vents et marées, afficher l'unité des Européens face à la crise financière internationale. Après le couac du sommet du G4 à l'Élysée, il est revenu à la charge hier, déclarant, au nom de tous les États membres, que l'Union européenne prendra "toutes lesmesures nécessaires" pour garantir la stabilité du système financier et protéger les épargnants. "Aucun déposant dans les banques de nos pays n'a subi de pertes et nous continuerons à prendre les mesures requises afin de protéger le système ainsi que les déposants", a-t-il indiqué, précisant que ce texte avait fait l'objet d'un accord unanime des Vingt- Sept.À peine séchée l'encre de la déclaration du G4, samedi, l'Allemagne a annoncé unilatéralement la couverture par l'État de toute l'épargne des ménages, soit plus de 1.600milliards d'euros. Pourtant, lors du G4, Angela Merkel s'était engagée avec ses homologues français, britannique et italien, "à travailler demanière coopérative et coordonnée au sein de l'Union européenne". Londres, qui avait sévèrement critiqué l'annonce d'une mesure similaire par l'Irlande, a demandé à Berlin de "clarifier" son projet lors de la réunion des ministres des Finances, aujourd'hui à Luxembourg, que présidera Christine Lagarde. Les Européens réfléchiraient d'ailleurs à relever le seuil minimum de garantie bancaire, fixé à 20.000 euros pour les particuliers. La cacophonie européenne montait d'un cran avec une annonce curieuse de Silvio Berlusconi faite avant la déclaration de Nicolas Sarkozy. Selon le Cavaliere, sonministre de l'Économie, Giulio Tremonti, compte proposer à ses homologues à Luxembourg la création d'"un fonds commun égal à 3 % du PIB". Cette idée d'un fonds européen pour voler au secours des banques en difficulté a d'abord été lancée par les Néerlandais, reprise ensuite par les services de Christine Lagarde qui préparaient la réunion du G4. Mais face au tollé allemand, la présidence française de l'Union européenne a démenti l'existence d'un tel projet. Silvio Berlusconi, qui devait rencontrer Angela Merkel à Berlin hier soir, a assuré que la France soutenait cette proposition. Ce qu'ont démenti des sources françaises autorisées interrogées par La Tribune. En tout cas, les Allemands, grands défenseurs de la vertu budgétaire, sont fermement opposés à cette idée. "Nous avons dit clairement samedi à Paris que nous considérons que ce n'est pas la bonne voie et nous restons sur cette position, il n'y a pas de changement", a martelé le porte-parole du gouvernement, UlrichWilhelm. SUPERVISION EUROPÉENNE L'Ecofin d'aujourd'hui sera presque exclusivement consacré à la crise financière internationale. Dans une lettre aux membres du Conseil européen, Nicolas Sarkozy a demandé que les ministres des Finances préparent "la réponse européenne" à la crise, que les chefs d'État et de gouvernement devraient adopter lors de leur sommet des 15 et 16 octobre à Bruxelles. Il s'agit notamment d'éviter un durcissement du crédit, de remédier aux dysfonctionnements du système financier et de renforcer la supervision européenne des établissements financiers.Que dit le Pacte de stabilité ?Henri Guaino a provoqué l'émotion, en estimant que la maîtrise des déficits publics n'était pas " la priorité des priorités " en ces temps de crise. Claude Guéant, le secrétaire général de l'Élysée, a rétorqué que la France entend tenir la dépense publique, " une priorité " pour le gouvernement. Ces deux déclarations sont-elles contradictoires ? Elles s'inscrivent dans la logique du Pacte de stabilité de l'Union économique et monétaire réformé en 2005. Que dit le nouveau Pacte ? " Aucune procédure de déficit excessif ne sera lancée si le dépassement du seuil de déficit public de 3 % du PIB est considéré comme temporaire et exceptionnel et que le déficit demeure proche de la limite. " Bref, il s'agit de laisser agir ce que les économistes appellent " les stabilisateurs automatiques ". En clair, le gouvernement ne prend pas de mesures pour compenser la chute des recettes publiques en raison de la crise économique, tout en maîtrisant la dépense.
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