Électrochoc sur les taux européens

Moins d'un mois après la baisse concertée d'un demi-point des taux de six grandes banques centrales sous la houlette de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne, on a assisté à une nouvelle frappe d'ampleur hier en Europe. C'est la Banque d'Angleterre qui a ouvert le robinet monétaire la première, en administrant un traitement de choc à une économie britannique exsangue : la vieille dame de Londres a réduit son taux directeur d'un point et demi, le ramenant de 4,50 % à 3 %. Du jamais vu depuis 1981, lorsque le loyer de l'argent avait été porté à des niveaux vertigineux pour casser la spirale inflationniste créée par le second choc pétrolier. Et pour la première fois depuis la naissance de la Banque centrale européenne, le sterling est moins bien rémunéré que l'euro?! La Banque nationale suisse lui a emboîté le pas, en réduisant d'un demi-point la fourchette du Libor trois mois, son taux de référence, à 1,50 % - 2,50 % sans réunir son conseil, celui-ci ne siégeant qu'une fois par trimestre, avant que la BCE n'entre dans la danse. La banque centrale de Francfort a fait un geste de même ampleur que son homologue américaine à l'issue de son conseil du 29 octobre, en abaissant son principal taux directeur d'un demi-point à 3,25 %. l'euro lâchéLors de sa traditionnelle conférence de presse, le président Jean-Claude Trichet, inquiet du niveau « extraordinairement élev頻 d'incertitudes pesant sur la croissance, a admis que l'option d'une baisse de trois quarts de point avait été discutée et déclaré qu'il n'excluait pas que la BCE réduise à nouveau ses taux. Ce que le marché a immédiatement interprété comme l'annonce d'une nouvelle détente à l'issue du dernier conseil de l'année, le 4 décembre, lâchant du même coup l'euro. La monnaie unique, qui avait poussé une pointe à plus de 1,31 dollar, est retombée hier jusqu'à 1,2740.L'assouplissement monétaire consenti par la BCE et les attentes qu'a suscitées Trichet seront-ils suffisants pour restaurer la confiance sur le marché interbancaire, condition sine qua non pour que l'économie réelle ne soit pas asphyxiée par une pénurie de crédits?? amplitude incertaineCertes, avant même le geste d'hier et dans l'anticipation de cette ouverture des vannes du crédit, le dégel du marché monétaire s'était sensiblement accéléré. Le taux de l'Euribor trois mois, la référence des prêts commerciaux de la zone euro, a amplifié sa décrue, pour revenir de 4,66 % à 4,59 % hier, après avoir culminé à 5,39 %, réduisant l'écart avec le taux directeur de la BCE. D'un plafond de 164 points de base juste après la baisse concertée des conditions de crédit, il est revenu à 84 points hier. Mais le fixage de l'Euribor ayant eu lieu avant l'issue de la réunion du conseil des « Sages » de Francfort, le différentiel s'est mathématiquement creusé d'un demi-point après la décision de la BCE. Avec quelle amplitude la détente monétaire sera-t-elle répercutée vendredi?? C'est toute la question, qui hante les nuits des responsables de Francfort. Car, faute d'un retour progressif à la « normale », c'est-à-dire à un écart raisonnable de 15 à 20 points de base, c'est toute la machine économique qui restera grippée.Isabelle Croizard
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