Le patron de Satyam avoue une fraude massive

L'annonce est tombée comme une bombe : Ramalinga Raju, fondateur et PDG de la société indienne de services informatiques Satyam, a envoyé hier aux autorités boursières une lettre annonçant sa démission. Motif invoqué : la manipulation des comptes à laquelle il a révélé s'être livré depuis des années. Dans cette extraordinaire lettre de confession, Ramalinga Raju annonce que les comptes de sa société sont complètement faux. La marge opérationnelle de 24 % annoncée pour le troisième trimestre 2008 ne serait en fait que de 3 % ! Le chiffre d'affaires lui-même, publié à 414 millions d'euros, serait en réalité de 323 millions. Pis, les 815 millions d'euros de liquidités au bilan seraient fictifs à 94 %, résultant de l'accumulation de profits imaginaires. incertitude maximaleMarginale au début, la différence entre le résultat d'exploitation affiché et le vrai est devenue « ingérable » au fil des ans, confesse M. Raju, encore tout récemment considéré comme un des grands noms du monde indien des affaires.Sa lettre jette un jour nouveau sur l'opération contestée qui a marqué le début de la crise. Le 16 décembre, Satyam a annoncé son intention de prendre le contrôle pour 1,6 milliard de dollars de deux sociétés de BTP appartenant à la famille Raju. Une opération sans logique apparente, mais qui visait, révèle aujourd'hui M. Raju, à « remplacer des actifs fictifs par de véritables actifs »? L'annonce avait suscité une levée de boucliers des actionnaires de Satyam. L'action s'était effondrée à Bombay et à New York, obligeant le groupe à annuler l'opération.Avec ces révélations, la quatrième SSII indienne plonge dans l'inconnu. La situation réelle des finances du groupe est pour le moment impossible à évaluer. La reprise par un autre groupe est une possibilité. Reflet de cette incertitude maximale : l'action a perdu 78 % de sa valeur hier à la Bourse de Bombay. Les autorités boursières indiennes, ainsi sans doute que leurs homologues américaines, vont ouvrir une enquête sur cette affaire qui risque de peser sur l'image des entreprises indiennes à l'étranger. Auditeurs et systèmes de contrôle seront également sur la sellette. Dans sa lettre, le PDG déchu affirme « être prêt à se soumettre aux lois » de son pays?Patrick de Jacquelot,à New Delhi P. NANGIA /bloomberg
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