Enquête sur le mal absolu

Lors d'un voyage scolaire à Weimar en Allemagne, un jeune professeur découvre dans le musée du camp de Buchenwald une photo d'un détenu dont la ressemblance avec son propre père est troublante. Obsédé par cette révélation, il n'a de cesse d'enquêter sur une histoire tragique enfouie dans les mémoires. Il doit affronter les réticences et les silences de sa propre famille, mais surtout cette quête des origines réveille des souvenirs douloureux.« Depuis le moment où j'avais découvert la photo de cet homme, des fragments s'assemblaient peu à peu, rejoignaient des intérêts et des questions présents en moi depuis l'adolescence. [?] Ce ne fut pas un bouleversement de tout mon être, plutôt une lente cristallisation, ou tout simplement une maturation. Je n'étais pas pressé. J'attendais. Quelque chose arrivait. » Peu à peu, l'image de l'homme sur la photo s'affine, les révélations se multiplient, les recoupements s'imposent?Professeur de lettres au lycée franco-allemand de Versailles, Fabrice Humbert signe avec « l'Origine de la violence » son troisième roman. Un ouvrage bouleversant aux forts accents autobiographiques. L'emploi de la première personne, le refus de nommer le héros de cet opus, son métier d'enseignant comme lui, sont autant d'indices que l'écrivain se plaît à semer? Sur un sujet aussi sombre, il a bâti un roman fort servi par une écriture parfaitement maîtrisée. Un style qu'il adapte d'ailleurs avec une aisance confondante.une ville à deux visagesQuand il évoque le destin fulgurant d'un jeune arriviste dans le Paris de l'entre-deux-guerres, on pense immédiatement au Maupassant de « Bel Ami ». Quelques pages plus loin, sa longue description clinique de l'horreur quotidienne de Buchenwald se place sous le patronage de Primo Levi. Fabrice Humbert livre aussi une subtile description de Weimar ? ville aux deux visages ? si fière dans son lointain passé artistique sous la bannière de Goethe et de Schiller, et si honteuse d'avoir côtoyé le mal absolu. L. P. « L'Origine de la violence », de Fabrice Humbert. Éditions le Passage, 300 pages, 18 euros. d
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