Les banques françaises se lancent dans la chasse aux coûts

Le secteur bancaire français pourrait bientôt perdre son rôle de premier recruteur et de premier annonceur national. Crise oblige, l'heure est à la rigueur dans les banques. Avec un mot d'ordre : maîtriser les coûts. Lors de la présentation de leurs résultats du premier trimestre, BNP Paribas, Crédit Agricolegricole SA et Société Généralecute; Générale ont tous mis l'accent sur cette priorité. L'enjeu est de taille : d'après une étude publiée par le cabinet Oliver Wyman (*), le potentiel de réduction des coûts des banques de détail françaises oscille entre 3 et 4 milliards d'euros (jusqu'à 40 milliards pour l'ensemble des établissements de crédit européens). Une économie difficile à ignorer dans le contexte actuel. « Les dépenses en communication, marketing ou encore pour l'ouverture de nouvelles agences ont explosé au milieu des années 2000, rappelle Fabrice Asvazadourian, associé chez Oliver Wyman. Aujourd'hui, il est nécessaire d'ajuster la base de coûts au nouvel environnement qui se profile. » Comment ? D'abord, en rentabilisant davantage « le dispositif de distribution », c'est-à-dire la vente à distance et les agences bancaires, qui représentent aujourd'hui la moitié des dépenses des banques en France. Or, ces dernières ont « encore des difficultés à se résoudre à diminuer les effectifs dans les agences ou à envisager une fermeture », constate Nicolas Taufflieb, également associé chez Oliver Wyman. Elles agiront plutôt lors des départs à la retraite, précise Fabrice Asvazadourian, qui estime que sur les 50.000 départs à attendre dans les cinq prochaines années dans le secteur bancaire français, un salarié sur trois ne sera pas remplacé.D'après le cabinet, les françaises gagneraient à lorgner leurs cons?urs espagnoles, qui ont largement développé des formats d'agence ad hoc en fonction des besoins de la clientèle locale. Par exemple, BBVA a ouvert des agences destinées à recevoir un type de client le matin et un autre l'après-midi. Autre piste : réduire les niveaux hiérarchiques, en augmentant notamment le nombre de salariés placés sous la responsabilité des directeurs d'agences.Ensuite, les banques hexagonales auraient tout intérêt à « entrer dans une logique de la mesure de l'efficacit頻 de leurs fonctions support (ressources humaines, comptabilité, mesure des risques, etc.), ajoute Nicolas Taufflieb. « Les exigences accrues en matière de réglementation ont entraîné une augmentation forte des dépenses sur ces fonctions, qui représentent aujourd'hui entre 500 millions et 1 milliard d'euros dans les banques françaises », continue Fabrice Asvazadourian.Enfin, dernier levier majeur de réduction des coûts : l'optimisation des systèmes informatiques, condition sine qua non pour parvenir à une mutualisation efficace au sein de la banque. Certains établissements de crédit hexagonaux, et notamment leurs filiales de crédit à la consommation, ont encore « beaucoup de progrès » à faire dans ce domaine, jugent les deux associés du cabinet. BNP Paribas semble avoir déjà retenu la leçon. En La banque a déjà créé une coentreprise avec l'américain IBM. n(*) Étude couvrant 40 banques de détail européennes dans 17 pays.Les banques espagnoles ont développé des agences en fonction des besoins de la clientèle?: un type de clientèle le matin, un autre l'après-midi.
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