« Je ne suis dupe de rien »

Chandail bigarré, pantalon de velours, Christine Albanel souffle. Dans cette brasserie branchée de la rive droite, elle attend ce samedi midi deux amis de Toulouse, sa ville natale. Une respiration pour la ministre de la Culture, qui livre peut-être la plus grosse bataille parlementaire depuis le début du quinquennat : la loi sur l'audiovisuel public. On dit qu'elle avait été écartée de sa conception, aujourd'hui, elle y croit bec et ongles : « Je comprends l'inquiétude des personnels, mais le financement sera suffisant et une bonne télévision, c'est aussi de l'audace, de l'insolence, on peut sortir du politiquement correct. Rappelez-vous Denise Glaser ou Jean-Christophe Averty. »Christine Albanel « fait le job », mais ne peut s'empêcher de garder « un petit fond de distance », « ce n'est pas contraire à l'efficacit頻. Après six mois de bizutage ? « pas assez show off, pas assez politique » ?, l'agrégée de lettres trouve son style. « Elle calme le jeu, elle ne renvoie pas les balles, cela déstabilise l'adversaire et elle obtient ce qu'elle veut », sourit un de ses conseillers. Ça a marché au Sénat avec le projet de loi « création et Internet ». À l'Assemblée nationale, c'est plus sportif, elle mime les débats, elle décortique l'exercice. « Il faut être aux aguets, ni tomber dans le piège de la petite phrase, ni rester dans le silence. » Tout de même, cette dernière semaine a été éprouvante?: « J'ai été traitée de ministre de la Propagande, c'est tellement loin de ma personnalité. » Pas question pourtant de céder à la facilité. Le passage en force serait « décal頻 sur un tel projet. Elle assume tout, y compris la nomination du président de France Télévisions en Conseil des ministres? « Penser que Nicolas Sarkozy, en se rasant le matin, va passer un coup de fil pour décider des programmes, c'est ridicule?! Le choix du futur patron sera regardé à la loupe, il faudra qu'il tienne la route. »Christine Albanel le savait déjà, dans le milieu de la culture, « on peut produire des catastrophes tout le temps, les artistes sont des écorchés vifs, je veux rester moi-même ».Elle sera toujours plus à l'aise pour parler de Levi-Strauss que de Kylie Minogue, mais elle a adoré décorer Georges Clooney, « un charme fou et il ne se prend pas au sérieux ». Le passage du poste de « plume » de Jacques Chirac à celui de ministre de Nicolas Sarkozy n'a pas été de tout repos. « J'ai pris des coups et je me suis adaptée. » Changement de look, coupe de cheveux raccourcie, un rouge à lèvres plus appuyé comme pour mieux s'affirmer. « Un nouveau job, c'est comme une passion ou une rupture, on se remet en question... » Et tout à coup, « cela se met en place, tout devient plus naturel, plus facile ». Sa cote remonte à l'Élysée?? « J'ai toujours défendu Nicolas Sarkozy au sein de l'équipe Chirac, mais ma relation est fonctionnelle avec le président. » Carla Bruni a beaucoup apprécié la manifestation organisée avec les indépendants?? Pas question de se déclarer tout d'un coup « la meilleure amie de la première dame ». Elle regarde ses collègues, « qui savent déjà où elles veulent aller et qui le font savoir, avec un mélange d'admiration et d'amusement ». « Je ne suis dupe de rien. » Et à gauche?? « Martine Aubry est solide, cela fait longtemps que je me demandais quand elle arriverait au premier plan?! » Voudrait-elle ressembler à ces combattantes sans états d'âme?? Sourire énigmatique. « Je crois que personne ne peut se changer. » nla ministre de la culture « fait le job », mais ne peut s'empêcher de garder « un petit fond de distance », ce qui « n'est pas contraire à l'efficacit頻.
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