Vers un départ de Louis Gallois d'EADS  ?

La rumeur court depuis le début de l'année. Dans l'industrie aérospatiale et de défense, des sources concordantes confirment l'évocation d'un départ à l'été du président d'EADS. Qui en veut donc à Louis Gallois, nommé en août 2007 seul à la tête du groupe européen pour un mandat de cinq ans en vue d'apaiser les tensions franco-allemandes ? À son passif, le patron d'EADS, qui a une certaine liberté de ton vis-à-vis de l'Élysée, a passablement énervé à l'automne le Château en s'obstinant, dans le dossier Thales, à vouloir surenchérir sur l'offre de Dassault Aviation. Proche de Nicolas Sarkozy, Serge Dassault en a gardé une certaine rancune. D'autant que Louis Gallois a brutalement démissionné du conseil d'administration de Dassault Aviation. Par ailleurs, le prochain départ de Denis Ranque de Thales pourrait donner l'occasion à l'Élysée de renouveler les grands patrons d'un secteur quasi régalien, ce qui provoquerait un appel d'air.Plus récemment, Louis Gallois s'est aussi retrouvé dans le collimateur du ministre de la Défense, Hervé Morin. Lors du salon de l'armement d'Abu Dhabi, ce dernier a vertement exprimé son mécontentement à l'endroit de Louis Gallois, accusé « de ne pas tenir ses troupes », explique-t-on à « La Tribune ». Objet de ce courroux : le directeur général en charge d'Astrium, François Auque, a obtenu de l'Élysée, pour deux programmes de défense, un changement sur le calendrier déjà arbitré par Hervé Morin. L'Hôtel de Brienne mettait l'urgence sur le développement du missile antimissile Aster Block 2 (MBDA) avant celui de la capacité d'alerte avancée par satellite en 2020 (Astrium). Du coup, Hervé Morin a eu une discussion avec Louis Gallois, qui lui aurait avoué son impuissance à intervenir.Deux thèsesPour autant, un départ de Louis Gallois, explique un bon connaisseur du groupe, pourrait raviver les tensions franco-allemandes au sein d'EADS. En juillet 2007, Paris et Berlin ont conclu un accord sur la gouvernance du groupe : Louis Gallois seul aux commandes d'EADS jusqu'en août 2012, date à laquelle il est remplacé par l'actuel PDG d'Airbus, Tom Enders, auquel succède Fabrice Brégier, le numéro deux d'Airbus.Qui pourrait succéder à Louis Gallois, si ce dernier ne termine pas son mandat ? Deux thèses s'affrontent : soit un Français finit son ma ndat jusqu'en 2012, soit Tom Enders prend la succession avant la date prévue. « Pas sûr que l'Élysée souhaite ouvrir un tel débat et relancer une guerre franco-allemande chez EADS, dont le dossier a été traité à l'été 2007 », indique cet observateur. Mais dans le même temps, note une autre source, Nicolas Sarkozy pourrait trouver un profit à mettre rapidement Tom Enders à la tête d'EADS : se rapprocher de l'Allemagne et d'Angela Merkel, qui sera bientôt en campagne électorale.Il n'en demeure pas moins qu'EADS reste très difficile à diriger. Car avec un schéma figé à l'avance pour la succession de Louis Gallois, ce dernier peut difficilement imposer quoi que ce soit à Tom Enders, qui ne déviera pas de son objectif. Tout comme Fabrice Brégier, et d'autres encore, qui ont l'ambition de faire trébucher les favoris à la course aux postes prestigieux. n
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