Paris soumis au supplice chinois

C'était en novembre 2007. Nicolas Sarkozy rentrait de sa première visite présidentielle en Chine, la hotte présidentielle remplie de grands contrats pour un total de 20 milliards d'euros. C'était un coup de maître?: ne venait-il pas de conclure la vente de deux réacteurs nucléaires aux Chinois et de signer une commande de 160 Airbus, dix de plus que lors de la dernière visite en Chine de Jacques Chirac?? La lune de miel avec Pékin n'aura pourtant pas duré longtemps.Déjà refroidie par le déluge de protestations lors du passage de la torche olympique à Paris, la relation entre les deux pays est devenue glaciale depuis la rencontre en Pologne entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama en décembre. En atteste la série de camouflets infligés par Pékin. Comme l'annulation du sommet Chine-Europe qui devait avoir lieu en décembre. Fin janvier, le Premier ministre, Wen Jiabao, se rend à Bruxelles, en Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne et Suisse, mais évite Paris. Sarcastique, il s'esclaffe?: « J'ai regardé une carte d'Europe dans l'avion, et j'ai bien vu que mon voyage faisait le tour de la France. » Depuis, la bouderie n'a pas cessé.cristallisationFin février, Pékin a dépêché une mission d'hommes d'affaires pour venir faire des achats en Europe. Mais, de ce shopping tour, qui se soldera par 13 milliards de dollars de commandes, la France a été exclue. Rebelote, Pékin venant d'expédier une seconde mission d'investissement en Europe et snobant l'Hexagone. « Les problèmes actuels dans les relations France-Chine ne sont pas du fait de la Chine. Nous espérons que la France saura répondre positivement aux inquiétudes chinoises », a déclaré ce week-end le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi.Il faut remonter au gel des relations après la répression de la place Tiananmen, en juin 1989, et en 1992 à la vente d'armes à Taiwan, pour retrouver un tel niveau de crispation. Cette fois-ci, l'exaspération chinoise semble se cristalliser autour de la personne de Nicolas Sarkozy. Le voyage en février à Pékin de Jean-Pierre Raffarin, un ami de la Chine, n'a pas suffi à recoller les morceaux. Certes, il est encore trop tôt pour calculer le prix de cette fâcherie. « C'est vrai, nous n'avons pas reçu la grande commande annuelle d'Airbus en 2008, explique un responsable d'EADS, mais la précédente, engrangée par Nicolas Sarkozy, n'a pas encore été totalement répartie entre les compagnies chinoises », nuance-t-on.Preuve que les Français peuvent encore faire des affaires, Suez Environnement a signé en février un contrat de concession d'eau dans la ville de Chongqoing. Mais, en privé, le discours est moins optimiste?: « À Pékin, les dirigeants de nos filiales ont du mal à obtenir une audience dans les ministères. » Observateur inlassable de la Chine, Jean-Luc Domenach relativise. « Pékin utilise la France, dit-il. En exprimant haut et fort sa mauvaise humeur, la Chine signifie à Barack Obama qu'elle est une puissance avec laquelle il faut compter et qui aspire à une cogestion du monde. » Laurent Chemineau et Éric Chol
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