Les grands pays émergents engrangent les dollars

Un abîme sépare les paroles des actes. Alors que les quatre pays émergents les plus puissants, les Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine), menacent depuis des mois de battre en brèche l'hégémonie du dollar, jamais ils ne se sont autant gavés de la monnaie (soi-disant) honnie. Dès la fin mai, on avait appris que la Chine, qui mène la croisade pour le remplacement du dollar par les droits de tirages spéciaux du FMI (DTS), avait acquis en mars 23,7 milliards de dollars supplémentaires de bons du Trésor américains portant à 768 milliards son encours de dette américaine. Premier créancier mondial des États-Unis, Pékin possède désormais plus du quart des titres détenus par des investisseurs étrangers. Rendues publiques hier, les données compilées par les banques centrales et les grandes banques ont accentué le paradoxe : le mois dernier, la « bande des quatre » aurait accru ses réserves de change de 60 milliards de dollars et augmenté ses achats de titres en dollars au rythme le plus élevé depuis la faillite de Lehman Brothers en septembre.Les réserves de change des Bric frôlent désormais les 2.800 milliards de dollars, en hausse de 7,8 % sur un an, se taillant 42 % du trésor du guerre des banques centrales de par le monde. La frénésie d'achats intervenue en mai résulte des attaques subies par la devise américaine, qui ont contraint les banques centrales des Bric à engranger des billets verts pour empêcher une trop forte appréciation de leur monnaie. Leur hausse est malvenue alors que les exportations des Bric pâtissent du ralentissement économique. Le real brésilien a gagné plus de 11 % le mois dernier, le rouble près de 7 % et la roupie 6,5 %. Seule la Chine a réussi a maintenir son yuan quasiment stable, mais au prix estimé de 30 milliards de dollars d'achats de devises en mai. La Russie en a acquis 17 milliards, l'Inde 10,6 et le Brésil, seul pays à fournir la ventilation de ses acquisitions, aurait engrangé 2,8 milliards de dollars. Autant d'accumulation de réserves qui sont quasi automatiquement recyclées en achats de bons du Trésor américain, les plus liquides du monde. Les statistiques de mai font apparaître un gonflement de 68,8 milliards de dollars des stocks de ces bons détenus par la Réserve fédérale au profit de banques centrales étrangères, une des plus fortes hausses mensuelles jamais enregistrées.L'histoire dira quelle est la part de cette saga émergente dans le spectaculaire redressement du dollar, remonté de 1,4335 mercredi dernier à 1,38 pour 1 euro hier. Elle n'est certes pas négligeable, mais elle tient aussi aux anticipations de prochaine hausse des taux américains et au nouveau coup dur porté à l'Europe par la deuxième dégradation de la note souveraine de l'Irlande. nLe real brésilien a gagné plus de 11 % le mois dernier, le rouble près de 7 % et la roupie 6,5 %.
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