La presse américaine en difficulté financière

L'amplification de la crise économique et financière assombrit les perspectives des quotidiens américains. Fragilisé par la chute de ses recettes publicitaires, le groupe Tribune, qui possède le « Los Angeles Times » et le « Chicago Tribune », s'est placé hier sous la protection de la loi sur les faillites (chapitre XI), tandis que le groupe Times, propriétaire de l'emblématique « New York Times », a décidé d'hypothéquer son siège flambant neuf pour honorer ses dettes.D'après le « Wall Street Journal », Tribune aurait pris les services de la banque Lazard afin de préparer sa comparution devant le tribunal des faillites. Racheté en décembre 2007 par le magnat de l'immobilier Sam Zell, Tribune a accusé une chute de 19 % de ses recettes publicitaires dans la presse quotidienne au cours de son trimestre achevé à la fin septembre. En novembre, il a annoncé une perte d'exploitation trimestrielle de 124 millions de dollars. Le groupe est endetté à hauteur de 12 milliards de dollars et, après avoir supprimé 75 postes de journalistes au « Los Angeles Times », réduit ses effectifs dans d'autres publications et cédé un quotidien à Long Island, il entend vendre des actifs, dont l'équipe de base-ball des Chicago Cubs. Le mois dernier, Standard and Poor's a dégradé Tribune au rang de valeur hautement spéculative, car le groupe « pourrait ne pas générer assez de liquidités en vendant des actifs pour rembourser sa dette à un niveau suffisant ».L'agence de notation a aussi réduit la notation du groupe du « New York Times », dont l'action a été divisée par deux depuis le début 2008. L'hypothèque de son siège futuriste, achevé en 2007 sur la Huitième Avenue, doit lui permettre d'emprunter 225 millions de dollars alors que le « New York Times » a deux crédits permanents en cours, d'un plafond de 400 millions de dollars chacun.Ces événements se produisent alors que deux agences publicitaires ont dressé hier des projections pessimistes pour le marché américain. Après une érosion de 3,8 % cette année, ZenithOptimedia (groupe Publicis) anticipe une chute de 6,2 % des budgets publicitaires aux États-Unis en 2009, à 161,8 milliards de dollars. De son côté, WPP prévoit un repli de 3 % à 157 milliards de dollars l'an prochain.restructurations en vueLes médias écrits souffriront encore de la migration des budgets vers Internet. Mais GroupM, une division de WPP, prévient que la croissance des budgets publicitaires en ligne va aussi décélérer, passant de 16 % en 2008 à 5 % en 2009 aux États-Unis. Les difficultés des secteurs financier et automobile, traditionnellement très gros annonceurs, placent les journaux nationaux et locaux dans une situation délicate. Mais la presse n'est que le bout d'une chaîne affectée. Selon le « New York Post », les agences de publicité et de communication Interpublic, Omnicom et WPP préparent des restructurations.
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