La faillite de Lehman, une erreur aussi colossale que fatale

Comment le Trésor américain a-t-il pu abandonner Lehman Brothers à la faillite ? Trois mois après l'effondrement de la quatrième banque de Wall Street, le monde bancaire n'en revient toujours pas. D'autant que toutes les banques de la planète, y compris les plus petites d'entre elles, y ont laissé des plumes par dizaines voire centaines de millions d'euros. Pire, les semaines suivantes, la crise a atteint une intensité sans précédent. L'étendue des dégâts n'était pas encore connue que les marchés financiers étaient précipités dans une chute vertigineuse.Et pour cause, les banques du monde entier n'osaient même plus se prêter entre elles, de peur que leurs cons?urs ne fassent à leur tour défaut. Le système financier frappé d'une complète paralysie a pendant quelques jours début octobre été envahi par le syndrôme de la crise de 1929. Et avec lui les pouvoirs publics qui ont été jusqu'à redouter ouvertement qu'aux portes des agences bancaires des files d'attente de déposants ne viennent retirer massivement leur argent. Le monde était à deux doigts de connaître l'apocalypse, du moins une crise systémique.Face à cette perte totale de confiance, les gouvernements des grands pays occidentaux n'ont eu d'autres solutions que de garantir, parfois sans limite, les dépôts. En vain.« trop gros pour faillir »Trois mois après, alors que le vent du boulet paraît un peu se dissiper, tout le monde s'accorde à dire que la décision des autorités américaines a été une erreur fatale. Pourtant, en leur sein nombreux sont ceux qui à la fin de l'été appelaient de leur v?ux une décision sans appel pour mettre un terme au fameux « aléa moral » qui interdisait à une banque de faire faillite. Un tabou qui sur les marchés profitait aux hedge funds qui spéculaient à la baisse sur les titres de banques les plus fragiles, sans prendre le risque de tout perdre.En quelques semaines, les agences hypothécaires Freddie Mac et Fannie Mae ainsi que l'assureur AIG sont ainis passés près de la faillite et ont été sauvés in extremis par le gouvernement. « Too big to fail » (trop gros pour faillir) se justifiait Henry Paulson, secrétaire au Trésor. Surtout, à l'inverse d'AIG, Lehman Brothers ne pouvait pas directement revendiquer parmi ses clients des particuliers mais uniquement des investisseurs. Aussi le Trésor américain en renonçant à sauver Lehman espérait-il rappeler une bonne fois pour toutes à ces derniers que les marchés ne sont pas sans risque. Un coup de grâce sinon un coup de semonce propre à définitivement purger le système avant de repartir du bon pied en somme.Seulement l'histoire s'est écrite un peu différemment. Et l'incompréhension reste d'autant plus totale que, six mois plus tôt, les mêmes responsables politiques s'étaient refusés à laisser choir Bear Stearns, de peur que sa faillite ne déclenche cette crise systémique tant redoutée. Or, au jeu des comparaisons, Lehman Brothers était une banque plus importante dont l'ensemble des dettes portées sur son bilan dépassaient les 600 milliards de dollars. Le choix du gouvernement américain est d'autant plus étonnant que la possibilité de vendre Lehman à une autre banque existait. La banque britannique Barclays avait en effet proposé de racheter la quasi-totalité de la banque américaine, sous couvert d'une garantie publique. L'exemple a dit-on des vertus. Mais force est de constater que le monde financier qui n'en finit plus de constater ses pertes a toutes les peines du monde à s'en persuader. D'autant qu'au même moment sous ses yeux s'organisait le sauvetage d'une autre grande enseigne de Wall Street, la banque Merrill Lynch, dont la disparition aurait peut-être été moins lourde de conséquences. n++BSD ++SupprimerBalise NePas supprimer n signature++BSF ++
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