Une communication dans la précipitation

Dans les heures qui ont suivi la faillite de Lehman Brothers le 14 septembre, la ministre de l'Économie Christine Lagarde, annonçait des répercussions « limitées » sur les établissements de crédit français. Pour rassurer complètement le public, déjà déstabilisé par l'étendue des ravages des crédits hypothécaires américains à risque dits « subprimes » sur le système financier hexagonal, les banques ont été sommées d'apporter des preuves chiffrées. Les principaux établissements ont donc publié quarante-huit heures après la liquidation de Lehman un montant estimé de leur exposition aux déboires de la banque.La facture se révèle aujourd'hui beaucoup plus lourde pour certains groupes. BNP Paribas a vu son exposition passer de 250 millions d'euros à 577 millions d'euros?; celle de Natixis a officiellement bondi de 109 millions d'euros à 248 millions d'euros. La révélation dans « Les Échos » de l'exposition du Crédit Mutuel pour un montant de près de 700 millions d'euros achève de réduire à néant les efforts de communication des pouvoirs publics. « Le régulateur nous a fait prendre des risques en nous obligeant à communiquer trop vite.contreparties coûteuses En septembre, les banques n'avaient pas encore dénoué tous leurs contrats de dérivés avec Lehman Brothers. Certaines ont sous-estimé l'ampleur de la baisse de la valeur de leur collatéral avec la banque d'affaires. Ce dépôt en garantie sous forme de titres et de cash en cas de défaut d'une contrepartie a vu sa valeur fondre avec la chute des marchés », explique une source bancaire. Par ailleurs, la quête de nouvelles contreparties susceptibles de se substituer à Lehman Brothers pour couvrir les positions des banques françaises s'est avérée particulièrement coûteuse. « Nous avons sous-estimé l'impact de la faillite de la banque d'affaires sur le march頻, reconnaît cette source.Faut-il accepter ce mea culpa?? L'Autorité des marchés financiers (AMF) a ouvert plusieurs enquêtes sur les principaux établissements financiers français afin de s'assurer qu'ils avaient informé les investisseurs en temps et en heure des risques encourus sur le « subprime ». Selon une source avisée, L'AMF ne devrait pas élargir ces enquêtes à l'exposition des banques sur Lehman. « Les banques ont dû communiquer en deux temps, c'est un exercice difficile qui n'a rien à voir avec un défaut de transparence », souligne un proche du dossier. En d'autres termes, trop de transparence tuerait la transparence. Ninon RENAUD
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