Les banques bien accueillies sur le marché primaire de la dette

Bonne nouvelle en ce début d'année : la reprise observée en décembre sur le marché primaire de la dette se confirme. Les entreprises ne sont pas les seules à en profiter (« La Tribune » d'hier). Les banques recommencent, elles aussi, à lever de la dette sur le marché obligataire. Et pas seulement de la dette garantie. Certes, l'offre de titres bénéficiant d'une garantie explicite des États reste soutenue. La SFEF a émis 5 milliards d'euros de dette à 5 ans mercredi et Commerzbank a rassemblé le même montant (« La Tribune » d'hier) à 3 ans jeudi. Mais, contrairement à ce que l'on pouvait craindre il y a encore un mois, les banques ne disposent pas que des schémas de garantie étatiques pour se refinancer. Les gigantesques plans de soutien au secteur bancaire ont visiblement un effet indirect. Plusieurs banques ont ainsi réussi à placer de la dette non garantie en décembre (Société Générale, BNP Paribas, Intesa Sanpaolo et Credit Suisse) et en janvier, alors que, depuis la chute de Lehman Brothers, de telles opérations étaient devenues totalement irréalisables. « Les investisseurs considèrent les plans de sauvetage comme une sorte de garantie implicite accordée au système financier », explique Pierre Mirat, coresponsable des marchés de capitaux de dette à la Société Générale. Si les investisseurs consentent à nouveau à prendre du risque bancaire, ils ne le font pas à n'importe quel prix. Mercredi, Unicredit a payé une marge de 210 points de base (le supplément de rendement par rapport au taux swap de référence) pour placer 1 milliard d'euros de dette à 5 ans auprès des investisseurs. Il y a un an, cette marge aurait plutôt été dans les environs des 40-50 points de base. appétit sélectifLe même jour, HSBC France a offert un spread de 175 points de base pour lever 1,5 milliard d'euros à 5 ans. La banque espagnole BBVA (lire encadré) se situe dans les mêmes eaux avec une marge de 180 points de base. « Les primes versées sont encore plus larges qu'au début du mois de décembre », constate un stratège de marché. Quant au marché secondaire, il ne bénéficie toujours pas de l'appétit des investisseurs pour les nouvelles émissions. Autre évolution encourageante?: le retour des obligations sécurisées. BNP Paribas a été la première à se lancer avec une émission de 1,5 milliard à 5 ans. La CRH a suivi avec la réouverture pour 500 millions d'euros d'un emprunt obligataire existant à 10 ans. Les banquiers ne se montrent toutefois pas excessivement enthousiastes. « A moyen terme, seules les grandes banques nationales paraissent en mesure d'émettre de la dette non garantie, alors que les autres utiliseront quasi exclusivement le schéma de la garantie », estime Pierre Mirat. Autrement dit, l'appétit des investisseurs pour la dette des institutions financières restera sélectif. Celle-ci continuera en outre à souffrir de la concurrence des obligations émises par les entreprises. Les primes offertes par ces dernières sont encore plus attrayantes. Elles se situaient récemment entre 200 et 500 points de base, selon le type d'émetteur. L'afflux de « papier », qu'il soit corporate ou souverain, ne dissuadera pas les institutions financières d'émettre de la dette garantie ou pas. « Il faut encore s'attendre à un marché primaire très actif dans les semaines qui viennent », annonce un banquier.
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