Tiraillements dans le couple euro-dollar

Rarement les stratèges change des grandes banques auront été aussi divisés sur l'avenir du couple euro-dollar, la paire qui domine indiscutablement le marché depuis maintenant dix ans. Depuis le début de l'année, les deux frères ennemis jouent au chat et à la souris, au gré des statistiques, toutes absolument délétères, diffusées sur les deux zones économiques. Vendredi, le très attendu rapport sur l'emploi aux États-Unis en décembre, bien que catastrophique, est resté conforme aux anticipations, évitant des décalages de cours d'une grande amplitude. L'économie américaine a détruit 524.000 postes de travail, après 584.000 en novembre, contre 533.000 initialement annoncés, portant à 2,6 millions les emplois perdus en 2008, le chiffre le plus élevé depuis 1945. Le taux de chômage est, lui, remonté à un point haut de seize ans, passant de 6,9 % à 7,2 % de la population active. Le marché des changes qui avait été autrement plus douché par l'enquête mensuelle du cabinet en ressources humaines ADP sur l'emploi dans le seul secteur privé mercredi, où 693.000 postes de travail avaient été détruits, ne s'est pas ému outre mesure de la statistique nationale. Il a même infligé un discret croc-en-jambe à l'euro, retombé de 1,3750 à moins de 1,35 dollar.C'est pour une autre raison que la monnaie unique des Seize risque de passer une semaine chaotique, même si les opérateurs s'y sont préparés dès vendredi. Le marché des changes a en effet rendez-vous, le premier de l'année, avec la Banque centrale européenne, dont il redoute une trop grande frilosité, face à une situation économique qui se détériore à grande vitesse. rattraper le retardEn ont encore attesté vendredi les chiffres détestables de la production industrielle en Allemagne et en France, en baisse de respectivement 3,1 % et 2,4 % en novembre. Les récentes statistiques militent pour une baisse d'un demi-point du taux directeur de la BCE, qui renouerait avec le point bas de ses dix ans d'histoire, soit 2 %. Or, après avoir penché pour une pause, elle pourrait jouer petit bras et se contenter d'une détente d'un quart de point. Bien que les anticipations ne la prennent pas encore en compte, cette prudence pourrait la contraindre ultérieurement à rattraper le retard accumulé sur ses homologues du G7, sauf à laisser s'installer une récession plus dure et plus longue que celle qui est déjà en train de faire son lit.Isabelle Croizard
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