Enseignant-chercheur, un nouveau statut inspiré de celui des profs de médecine

Dans son discours de Strasbourg, Nicolas Sarkozy a largement rendu hommage à « l'avantage » que la réforme Debré de 1958 a octroyé aux carrières hospitalo-universitaires. Et salué l'objectif similaire poursuivi, pour les enseignants-chercheurs, par la réforme des universités que sa ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a mis en ?uvre. Valérie Pécresse a de fait décliné en novembre dernier ses mesures pour revaloriser les carrières des enseignants-chercheurs (ils sont 54.000 professeurs d'université ou maîtres de conférence en France). Au menu : revalorisation de la rémunération des maîtres de conférence, programme « retour post-doc », création de chaires d'excellence. Moins médiatique est la réforme du statut des enseignants-chercheurs. Or le projet de décret visant à réformer le texte de 1984, déjà soumis aux syndicats et aux diverses instances techniques, fait l'unanimité contre lui. Tout d'abord, il modifie la gestion des ressources humaines. Actuellement, le Conseil national des universités (CNU), divisé en 80 sections disciplinaires, attribue 50 % des promotions et des congés pour recherche. Demain, ce seront les présidents d'université qui géreront leurs propres enseignants-chercheurs, dans le cadre de l'autonomie, le CNU voyant son rôle relégué à une évaluation quadriennale et non décisionnelle des professeurs. « Cette disposition casse les disciplines et fait craindre l'influence des lobbies locaux », estime Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup-FSU. ambiance délétèreAutre pierre d'achoppement, la « modulation des services ». Soumis au même volant d'heures que les autres fonctionnaires, ils pourront se voir décharger d'un certain nombre d'heures de cours (sur une base de 128 heures) en fonction de la qualité de leurs travaux de recherche. Du coup, « l'enseignement apparaît comme une sanction », analyse Bertrand Monthubert, ancien président du collectif Sauvons la recherche et nouveau secrétaire national du PS chargé de la recherche et de l'enseignement supérieur. Et dans un contexte de baisse des effectifs, certains n'auront pas d'autre choix que d'enseigner plus, malgré cette nouvelle règle. Sans parler de l'ambiance délétère ainsi créée dans les établissements. Même la conférence des présidents d'université s'en est émue lundi dans une lettre ouverte au chef de l'État.Le Conseil d'État doit rendre son avis sur le projet de décret avant mi-février. En l'absence de concessions de la part du gouvernement, les chercheurs, déjà très actifs l'année dernière, promettent de reprendre leurs actions. Ils auront déminé le terrain pour leurs confrères hospitalo-universitaires? C. J.
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