Teva lorgne la pharmacie traditionnelle

C'est un phénomène peu connu. Alors que les laboratoires pharmaceutiques courtisent les génériqueurs (lire ci-dessus), certains fabricants de molécules « copies » font le chemin inverse. « Notre objectif est de remonter la chaîne de valeur pour aller vers les médicaments innovants », a expliqué hier Maurice Chagnaud, président de la filiale française de Teva. Au niveau mondial, le laboratoire israélien est leader des génériques mais réalise déjà 1,5 milliard de dollars (13,5 % de son chiffre d'affaires) avec deux médicaments sous brevets, le Copaxone contre la sclérose en plaques et l'Azilect contre maladie de Parkinson. En France, le Copaxone, lancé en 2003 et distribué par Sanofi-Aventis, a généré 56,7 millions d'euros en 2008, soit 18 % des ventes de Teva France (310 millions). À quoi il convient d'ajouter 25 millions d'euros de revenus réalisés avec des produits « de marques » utilisés dans des pathologies respiratoires (asthme?). Le principe : allier des molécules génériques et des dispositifs médicaux (inhalateurs?) développés en propre par Teva.négociations difficilesSe lancer dans la pharmacie traditionnelle n'est toutefois pas sans risque pour un fabricant de génériques. En France, l'autre médicament breveté de Teva, Azilect, fait l'objet de négociations difficiles avec les autorités de santé pour trouver un prix de remboursement. Conséquence : Azilect est commercialisé mais non remboursé depuis le 6 février. « Dans le cadre d'une logique de volume, nous ne pouvions pas nous permettre d'être absents du marché plus longtemps », expliquent les dirigeants.De fait, pour les génériqueurs aussi, la conjoncture se durcit. Teva se targue d'avoir enfin devancé l'an dernier le suisse Sandoz (filiale de Novartis) au rang de numéro trois français, avec 10,4 % du marché, derrière l'américain Mylan et le français Biogaran. Mais il déplore les pressions sur les prix des génériques, notamment en France. « Aujourd'hui, nos produits doivent coûter 55 % de moins que le médicament sous brevet correspondant », indique Maurice Chagnaud. Il plaide donc pour une période d'exclusivité de six mois pour le premier fabricant à « copier » un produit, comme c'est le cas aux États-Unis. Et attend avec impatience les résultats de l'enquête de la Commission européenne sur les pratiques anticoncurrentielles des laboratoires classiques, prévue cette année. A. T.
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