Quand la mer Rouge ressuscite la mer Morte

Proche-orientSauver la mer Morte grâce à l'eau de la mer Rouge : ce vieux rêve commence à prendre sérieusement forme. Israël, la Jordanie et l'Autorité palestinienne, soutenues par la Banque mondiale, vont lancer dans les prochains mois un projet pilote, a annoncé Sylvan Shalom, le ministre israélien de la coopération régionale. Dans un premier temps, un pipeline de 180 km va permettre de pomper 200 millions de mètres cubes d'eau de la mer Rouge. La moitié de cette eau sera dessalée, tandis que l'autre moitié sera déversée dans la mer Morte, dont le niveau a dramatiquement baissé ces dernières années sous l'effet de la sécheresse.Pour réaliser cette opération, les ingénieurs vont utiliser la situation exceptionnelle de la mer Morte ? le point le plus bas du monde, situé à 400 mètres sous le niveau de la mer. Si l'opération réussit, c'est 1,8 milliard de mètres cubes d'eau qui seront ainsi traités. Autre avantage : la différence de niveau sera utilisée pour faire tourner des turbines et produire de l'électricité.appels d'offres envisagésAu total, l'ensemble du projet devrait revenir à une quinzaine de milliards de dollars soit une dizaine de milliards d'euros. Pour mobiliser ces fonds, Israël et la Jordanie envisagent de lancer des appels d'offres internationaux pour ce chantier qui pourrait être réalisé par plusieurs partenaires étrangers obtenant une concession d'exploitation. Une grande partie du gotha du patronat israélien s'est dit prêt à participer à l'aventure. Parmi eux figure Yitzhak Shuva, qui a amassé une fortune dans l'immobilier et souhaite créer 1 million d'emplois grâce à la réalisation de parcs touristiques, de lacs artificiels et d'hôtels dans ce qui doit devenir la « Vallée de la paix ».Mais de nombreuses incertitudes subsistent : la Banque mondiale a annoncé pouvoir prêter main-forte, mais à condition que le projet ne porte pas atteinte à l'environnement. Or des écologistes israéliens comparent le mélange des eaux des deux mers à une cocotte-minute dans laquelle on sait ce que l'on met sans savoir ce qui en sortira? L'eau de la mer Rouge pourrait provoquer une floraison d'algues rouges et remettre en cause le fragile équilibre naturel de cette région. De plus, tout le canal sera creusé dans un secteur à hauts risques sismiques. Les responsables israéliens et les Jordaniens estiment toutefois que les risques sont limités. Le pire, selon eux, serait de se résigner à l'assèchement de la mer Morte.PASCAL LACORIE, à Jérusalem
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