La Banque du Canada frappe fort sur ses taux et envoie son dollar au tapis

Le dollar canadien a perdu en quelques mois à la fois son statut de monnaie à hauts rendements et son statut de monnaie matières premières. Grand bénéficiaire jusqu'à l'été de la flambée des prix du pétrole, le « huard », le sobriquet du dollar canadien, du nom de l'oiseau de mer qui orne les pièces de 1 dollar, a replongé en même temps que le brut reperdait les deux tiers de sa valeur. Alors que simultanément la Banque du Canada procédait aux assouplissements monétaires les plus musclés de son histoire. Parti de 4,25 % en janvier, le taux directeur de la banque centrale d'Ottawa réduit hier de trois quarts de point, est tombé à 1,5 %, au plus bas depuis un demi-siècle. C'est la première fois depuis l'adoption d'un objectif d'inflation de 2 % en 1993 que le taux directeur tombe en dessous de ce repère. Comme ses homologues du groupe des Sept élargi, l'institut d'émission canadien tente de provoquer un électrochoc. récession confirméeContrairement au mois dernier, la banque a admis que le Canada entrait en récession et, à la façon de la BCE, a déclaré qu'elle « surveillerait très étroitement tous les développements », pour juger si de nouvelles mesures de stimulation monétaires étaient nécessaires. Le huard en a été d'autant plus affecté que le Canada traverse une des crises politiques récurrentes qui jalonnent son histoire. Le Premier ministre, Stephen Harper, a prématurément mis fin la semaine dernière à la session parlementaire pour tenter de désamorcer les tentatives de l'opposition pour renverser son gouvernement. Le dollar canadien a rechuté à 0,7645 dollar américain, près de ses points bas de l'année, son grand frère des États-Unis, après une séance de fort repli, reprenant l'ascendant sur le marché des changes à nouveau gagné par l'aversion au risque. Le franchissement en fanfare de la parité il y a un peu plus d'un an, qui avait propulsé le huard à un plafond de trente et un ans face au billet vert, n'est plus qu'un lointain souvenir. Le dollar canadien a cédé près de 25 % de sa valeur depuis ses points hauts de l'année et risque de perdre de nouvelles plumes, à mesure que ses rendements se rapprochent de zéro. Car, même s'ils restent légèrement supérieurs aux fonds fédéraux de la Fed, tombés à 1 %, les taux australiens ont reflué pour la première fois, exception faite de 2001, en dessous de ceux de la BCE, abaissés la semaine dernière à 2,5 %. Isabelle Croizard
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