Avec son premier jeu vidéo ? AOsphere ? qu'il s'apprête à lancer sur Internet d'ici à mars, Widescreen va-t-il toucher le gros lot et réussir à créer un nouveau modèle économique susceptible de booster ses activités?? L'enjeu est de taille?: le studio indépendant, implanté à Lyon depuis 1999, investit près de 3 millions d'euros dans l'aventure alors qu'il réalise un chiffre d'affaires compris entre 4 et 5 millions d'euros selon les années. La société s'est aussi donné les moyens humains pour renforcer sa recherche et développement et ses équipes de graphistes et de programmeurs, et l'effectif est passé de 70 à 100 personnes en un an. Aujourd'hui, le projet de nouveau jeu mobilise 50 salariés.les adultes visésPour l'heure, Widescreen met la dernière touche de palette graphique à AOsphere, un jeu de science-fiction-aventure. L'histoire narre les déboires d'une équipe de scientifiques partis à la conquête de nouvelles planètes qui pourraient se substituer à la Terre dont les ressources naturelles sont épuisées. « AOsphere est un jeu peu conventionnel », estime Olivier Masclef, PDG de Widescreen et président du pôle de compétitivité Imaginove. Les héros ne sont pas « politiquement corrects », mais des personnes traversées par des dilemmes et des choix les impliquant sur la colonisation, l'altérité, l'euthanasie, etc. « Le joueur doit prendre des décisions irrévocables qui auront des conséquences trois ou cinq épisodes plus tard », ajoute Olivier Masclef. Surtout, AOsphere innove en mettant en ligne un jeu vidéo feuilleton avec des épisodes hebdomadaires en streaming. Avec ce nouveau mode de distribution, à mi-chemin entre jeu vidéo et séries TV sur le modèle de la chaîne américaine HBO, la PME vise les adultes dont le temps est compté. « Nous ne nous adressons pas à des jeunes ?gamers?, mais à des gens qui ont délaissé le jeu vidéo et à ceux qui veulent vivre une expérience de loisirs sur une ligne éditoriale frondeuse et des formats courts. »De fait, AOsphere va proposer des épisodes de 30 minutes sur sa plate-forme www.identifiction.com, créée pour l'occasion. « La plate-forme la plus répandue n'est pas la console, mais la technologie Flash installée sur tous les PC-Mac-Linux », note le dirigeant de Widescreen. En lançant Identifiction.com, Widescreen adopte un nouveau modèle économique en rupture avec ses dix années de création-développement de jeux vidéo pour les éditeurs mondiaux. marché cycliqueAlors que le marché des jeux traverse une période difficile, les créations originales sont rares pour les développeurs, avec des coûts et des délais de fabrication très élevés. Les carnets de commandes du studio lyonnais, comme ceux de ses collègues, sont souvent réduits à des adaptations de licences (de jeux TV, de blockbusters d'Hollywood?) ou à du portage de jeux (conversion de formats). Soumis aux conditions des éditeurs sur un marché cyclique, Widescreen explore la voie de l'éditeur on line indépendant, autofinancé et producteur-distributeur en direct jusqu'aux clients finaux sur le Net.

latribune.fr

23 Févr 2009, 1:31

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