L'icône Toyota tombe de son piédestal

L'industrie automobile japonaise a quitté l'exercice 2008-2009 (achevé fin mars) sans regret, mais entre avec inquiétude dans celui de 2009-2010. Vendredi, Toyota a annoncé une perte d'exploitation annuelle, sa première en cinquante-neuf ans, de 461 milliards de yens, soit 3,4 milliards d'euros, et une perte nette de 436,9 milliards. Quelques jours plus tôt, Honda avait annoncé une chute de son bénéfice d'exploitation de 80,1 %, à 189,6 milliards de yens. Nissan (le grand allié du français Renault), dont les résultats sont attendus mardi, devrait selon ses dernières estimations essuyer une perte d'exploitation de 180 milliards.Malgré un rebond important de la production attendu en mai pour cause d'épuisement d'inventaires, l'exercice qui vient de commencer est peint sous des couleurs très sombres par les directions des constructeurs. Toyota en particulier prévoit pour 2009-2010 une perte d'exploitation de 850 milliards, soit près du double de ce qu'il vient de subir. Honda table sur une perte de 110 milliards. Nissan ne sera pas plus optimiste.En quelques mois, les constructeurs japonais sont passés de la sous-capacité à la surcapacité. Hier, ils investissaient, ouvraient une usine après l'autre et faisaient venir à grands frais des travailleurs immigrés. Aujourd'hui, leurs chaînes de montage tournent au ralenti, et ils ont renvoyé étrangers et travailleurs précaires chez eux. Les régions très dépendantes de l'automobile sont sinistrées. « Quand je suis reparti, mes homologues japonais m'ont avoué que c'est la première fois qu'ils allaient au restaurant depuis des mois », raconte un cadre français de retour d'un voyage d'affaires à Nagoya, la ville de Toyota.transferts massifsLe patron de Nissan (et Renault), Carlos Ghosn, a lancé un vaste programme de réallocation des ressources au sein de Nissan, orchestrant des transferts massifs de production qui permettront au constructeur nippon d'être rentable à 90 yens pour 1 dollar. Honda, qui perd de l'argent dès que le dollar franchit la barre de 100 yens, fait de même.Mais le ralentissement mondial a bon dos. Depuis six mois, les constructeurs japonais multiplient les prévisions cataclysmiques, comme s'ils voulaient apparaître en pire santé que leur état réel. Sans doute pour ne pas prêter le flanc à des mesures protectionnistes de la part de pays dont les constructeurs sont, eux, en danger de faillite. Rien de tel n'attend les Toyota et consorts, qui maîtrisent l'éventail des futures technologies de leur industrie.Régis Arnaud, à TokyoLa marque a annoncé une perte nette de 3,31 milliards d'euros.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.