Un produit hautement volatil

La chute de plus de 14 dollars des cours du pétrole en moins de deux semaines signe le retour aux fondamentaux sur le marché de l'or noir. La récession que traverse l'économie mondiale ? la plus profonde depuis la Seconde Guerre mondiale ? a évidemment provoqué une chute brutale de la consommation de pétrole. La demande mondiale est passée de 86,3 millions de barils par jour en 2008 à 83,8 millions en 2009, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Ce recul sans précédent de 2,9 % de la demande de brut explique la chute abyssale des cours de pétrole, tombés de 147 dollars le baril en juillet 2007 à un peu plus de 30 dollars au début de l'année. « L'ampleur de cette chute est à la hauteur de la contraction économique, où l'on voit la production industrielle passer d'un taux de croissance annuelle de 4 % à 5 % à une contraction, au c?ur de la crise, de 20 % à 25 % » constate Frédéric Lasserre, directeur de la recherche matières premières à la Société Généralecute; Générale.interrogations légitimesL'organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a réagi en réduisant sa production quotidienne de près de 3 millions de barils, ce qui a tout juste permis de soutenir les cours. Mais certainement pas d'expliquer leur doublement au cours du premier semestre 2009. D'où les interrogations légitimes du G8 sur le bon fonctionnement du marché à terme du pétrole et sur le rôle des fonds spéculatifs. D'autant que l'AIE se montre « sceptique » sur un rebond de la demande au second semestre. En revanche, la consommation de brut devrait rebondir sensiblement l'an prochain (1,7 %) pour atteindre 85,2 millions de barils par jour. Mais ce réveil de la demande ne sera pas le fait des États-Unis ou de l'Europe, qui renoueraient avec une croissance au mieux anémique. « Ce fort rebond sera porté par des États non membres de l'OCDE » et notamment la Chine, dont les besoins augmenteraient de 4,2 % l'an prochain, estime l'AIE.Au-delà de ces fluctuations de la demande, de surcroît dans une période économique particulièrement chahutée, les variations de prix sont une caractéristique propre au pétrole. « C'est un produit intrinsèquement volatil, confirme Frédéric Lasserre. Sur les quinze dernières années, sa volatilité historique moyenne est de 40 % lorsque celle du CAC 40 est de 13 % et celle du marché des changes et de moins de 10 %. En moyenne, ce marché est quatre fois plus volatil que les marchés financiers ».Le phénomène n'a fait que s'amplifier lorsque le marché physique s'est financiarisé avec l'arrivée d'investisseurs d'un nouveau genre, notamment les fonds de pension. « Aujourd'hui, le pétrole est devenu une classe d'actifs à part entière. Dès lors, les mouvements de prix que l'on constate s'expliquent du fait des réallocations et des rééquilibrages de portefeuille au même titre que cela peut se faire avec des actions ou des obligations. La remontée des prix du pétrole a tout autant de logique que le rally qui a eu lieu sur les marchés d'actions » conclut Frédéric Lasserre. Dans ces conditions, la récente remontée du pétrole de 50 à 70 dollars s'explique plus simplement par la stratégie d'investissement des fonds de pensions soucieux de se prémunir contre l'inflation à moyen terme. À 59 dollars le baril, force est de constater que cette crainte s'est désormais dissipée. Xavier Harel et Gaël Vaut
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.