Des mesures pour calmer la spéculation

Hier, le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, présentait au Congrès une série de mesures élaborées par la Maison-Blanche pour tenter de réduire la volatilité excessive sur les marchés des produits dérivés. Le plus important marché à terme du pétrole se situant aux États-Unis, par ailleurs premier consommateur mondial, il était logique que les autorités se saisissent du problème.D'ores et déjà, les pouvoirs du gendarme boursier américain, la Security and Exchance Commission (SEC) et ceux de la Commodity Futrues Trading Commission (CFTC), chargée de suivre les marchés des matières premières, vont être renforcés. Parmi les mesures techniques, le nombre de contrats détenus par un intervenant devait être réduit. Aujourd'hui, sur le Nymex, le marché à terme organisé de New York où est coté le WTI, un opérateur ne peut pas posséder plus de 10.000 contrats (1 contrat = 1.000 barils) par échéance (chaque mois est une échéance) et plus de 20.000 contrats pour l'ensemble des échéances. En outre, un opérateur ne peut traiter plus de 3.000 contrats sur le marché au comptant sur les trois derniers jours. Toutefois, il existait des moyens de contourner ces plafonds en recourant à d'autres produits sophistiqués, comme les swaps ou les fonds indiciels. La CFTC devrait mieux contrôler ces échappatoires.Mais c'est surtout l'activité des marchés OTC (over the counter), autrement dit de gré à gré, qui est dans le collimateur de l'administration américaine. contrepartieSur ce marché, les contrats sont établis dans un cadre plus souple mais plus risqué, notamment en termes de contrepartie. « Nous proposons d'encourager, par des obligations de fonds propres et d'autres mesures, un usage substantiellement plus fort de produits dérivés échangés de gré à gré normalisés, et de faciliter de la sorte une migration importante de ces produits vers des chambres de compensation et d'échanges », a expliqué hier Timothy Geithner. Ces mesures visent en premier lieu à revenir à la raison d'être des marchés à terme, c'est-à-dire des outils de protection contre les variations de prix pour les producteurs et les consommateurs et non un marché spéculatif pour les fonds d'investissement ou les banques. La majeure partie des transactions de dérivés tous marchés confondus ? 90 % ? sont en effet effectuées par l'intermédiaire de 5 établissements?: Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan Chase, Bank of America et Citigroup. Pour les seuls marchés de matières premières, sur les 15 milliards de dollars de recettes générées depuis 2007 par l'activité de 10 premières banques sur le secteur, la moitié du montant a été réalisée par Goldman Sachs et Morgan Stanley.Par ailleurs, d'autres initiatives plus politiques sont prises pour améliorer la transparence entre pays producteurs et pays consommateurs. C'est le cas du Forum international de l'énergie, qui réunit un grand nombre de pays représentant 90 % de l'offre et de la demande mondiale de pétrole, et du Jodi (Joint Oil Data Initiative), spécialisée dans les statistiques de réserves, de production, de consommation, de stockage. Elle fournit des données utilisables par tous, afin d'éviter des distorsions d'information susceptibles de provoquer des brusques écarts de cours du baril. Robert Jule
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