Zapatero veut renouer le fil du dialogue social

espagneSérieusement malmené par la crise, José Luis Rodríguez Zapatero tente d'éviter que s'ouvre un nouveau front, particulièrement délicat : celui de la tension sociale. Aussi, le président socialiste du gouvernement espagnol s'emploie-t-il à maintenir en vie un dialogue social qu'il décrit comme le grand axe de sa stratégie anticrise, et qui a effectivement permis, malgré un taux de chômage meurtrier, que la conflictualité sociale reste au plus bas en Espagne. Mais les difficultés s'amoncellent : une réunion « sur le fil », jeudi, entre gouvernement et interlocuteurs sociaux, a certes permis d'éviter une rupture définitive des négociations. Mais, sur le fond, les divergences demeurent.nouvelle prestationZapatero veut un accord de minima, qui lui permette d'exhiber un succès face à l'opposition? tout en laissant de côté les thèmes les plus conflictuels, comme le coût du licenciement ou l'avenir de la négociation collective. Au patronat, le gouvernement propose une réduction de 0,5 point des cotisations à la Sécurité sociale, un allégement de l'impôt sur les sociétés pour les petites entreprises et de plus grandes facilités aux entreprises de travail temporaire. Et pour les syndicats, il évoque, au profit des chômeurs ayant épuisé leurs droits aux allocations (de plus en plus nombreux du fait de la crise), une nouvelle prestation de 420 euros durant six mois.Les syndicats veulent porter cette durée de cette allocation à un an. Mais les plus grandes difficultés viennent du patronat, qui, la semaine dernière, a brusquement durci sa position en présentant un programme « a maxima ». Il exige désormais une réduction des cotisations à la Sécurité sociale de pas moins de 5 points (ce qui mettrait en péril l'avenir même du système), ainsi que la création d'un nouveau type de contrat de travail avec une indemnisation chômage de 20 jours par année travaillée : un changement brutal par rapport au système actuel, qui prévoit, en règle générale, une indemnisation de 45 jours, seulement réduite à 30 jours en cas de transformation d'un contrat temporaire en contrat fixe.volte-face du patronat Cette volte-face du patronat (intervenue au lendemain d'une rencontre entre son président et le leader de l'opposition conservatrice, Mariano Rajoy) met Zapatero en fâcheuse posture. Le chef du gouvernement a assuré qu'il ne toucherait pas au marché du travail si ce n'est dans le cadre d'un accord entre interlocuteurs sociaux. Mais si un tel accord devient impossible, les accusations d'immobilisme adressées par l'opposition ne feront que redoubler.Thierry Maliniak, à Madrid
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