Enki Bilal  : « La BD, un laboratoire d'idées »Enki Bilal exp...

Enki Bilal : « La BD, un laboratoire d'idées »Enki Bilal exposera chez Artcurial les 350 cases de sa dernière BD, « Animal'z », jusqu'au 10 septembre. Elles seront mises aux enchères le 19 septembre. Travailler chaque case de manière indépendante au lieu de travailler sur des pages, c'était en vue d'une exposition et d'une vente future ?Pas du tout. C'est une technique que j'ai adoptée depuis « le Sommeil du monstre ». Elle me permet une plus grande souplesse narrative. Même si je continue de bâtir précisément chaque double page avant d'entamer les dessins, je garde la possibilité d'intervertir des cases, ou de modifier le cadrage? Cette façon de travailler se rapproche de mon expérience cinématographique, où l'on garde une liberté lors du montage. Du coup, ce sont près de 350 dessins, et non 100 planches, qui vont être affichés pendant l'exposition?Tout à fait. Avoir toutes ces cases encadrées, juxtaposées, sans respecter l'ordre de la BD, va casser la narration de l'album. Certaines cases vont pouvoir se répondre différemment dans cette exposition, d'autant qu'il n'y a pas de bulles dans les dessins ? elles ont été ajoutées avec un ordinateur. Ce serait intéressant de savoir ce qu'un visiteur qui n'a pas lu « Animal'z » ressentira. Je trouve assez jubilatoire qu'une exposition puisse raconter une autre histoire à partir de laquelle on pourrait presque écrire un nouveau scénario. Du moins jusqu'à la vente? Depuis quelques années, les ventes d'originaux battent des records. Est-ce enfin la reconnaissance de la BD comme un art visuel à part entière ?Je l'espère. La BD a mis des dizaines d'années à être reconnue en tant qu'?uvre littéraire, et ce n'est que très récemment que les cotes des planches originales se sont envolées. Jusqu'en 2006, seuls mes tableaux et mes illustrations se vendaient bien. Lorsque j'ai décidé de vendre des planches de « la Femme piège » et du « Sommeil du monstre », j'ignorais si ma cote resterait au même niveau. La BD est pourtant un véritable laboratoire d'idées, un formidable moyen de s'engager narrativement et artistiquement, sans les contraintes budgétaires ou commerciales d'un film par exemple. Voir vos dessins partir ne vous procurera aucun pincement au c?ur ?Je ne crois pas. Jusqu'en 1994, j'ai gardé presque toutes mes planches. « Animal'z » est un album de rupture, avec une technique de rupture. Je vais au bout du processus en les regroupant pour l'exposition et en les dispersant lors de la vente. propos recueillis par Alexandre Phalippou
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