« La crise est révélatrice des solutions les plus utiles »

Selon la Coface, les impayés des entreprises ont augmenté de 75 % entre septembre 2007 et septembre 2008. Comment expliquer ce phénomène ?Ce chiffre confirme la dégradation de l'activité observée par les entreprises. L'augmentation de ces impayés justifie donc l'action du gouvernement dans le financement de l'économie. Une action que le gouvernement a débutée très tôt. Alors que nos voisins britanniques, par exemple, ont commencé par prendre des mesures destinées à éviter la rupture de leur système bancaire, nous avons d'abord eu pour souci, dès le 2 octobre, d'éviter aux PME de connaître une interruption du crédit. L'ensemble des mesures gouvernementales seront-elles suffisantes ?La crise est parfois révélatrice de solutions utiles. Par exemple, elle va permettre la remise à plat de la chaîne de financement de l'économie, notamment au niveau local. Dans chaque département, les acteurs de ce financement, c'est-à-dire les banques, les représentants patronaux des entreprises, la banque publique Oséo, la chambre de commerce et d'industrie, l'État se réuniront chaque mois pour travailler ensemble. Outre l'amélioration du financement de l'économie, ces comités nous donneront une photographie très précise de l'efficacité des mesures de soutien décidées par le gouvernement. Le gouvernement a décidé de renforcer le rôle de soutien aux PME d'Oséo. Comment peut-elle aider les entreprises en difficulté ?Sur les 22 milliards que le gouvernement met à la disposition des PME, 5 milliards ont été confiés à la banque publique Oséo. Concrètement, cette somme représente 5 milliards d'euros de risques supplémentaires qu'Oséo est prête à prendre aux côtés des banques afin de répondre aux besoins des entreprises dont l'activité souffre en raison de la dégradation de la conjoncture. Ce partage de risque peut prendre la forme d'une garantie donnée aux banques et aux organismes de fonds propres des financements qu'ils accordent aux PME, ou d'un cofinancement. L'action d'Oséo ne s'arrête pas là. En mobilisant les créances sur les grands donneurs d'ordre publics ou privés, Oséo finance à court terme la trésorerie des PME. Vous avez réussi à convaincre les banques de publier régulièrement le montant des prêts qu'elles accordent aux PME. Peut-on imaginer que toutes les banques communiquent ces chiffres chaque mois à date fixe ?Ce sera le cas, puisqu'un tableau de bord de l'activité bancaire, par réseau bancaire, sera établi mensuellement. Même si les banques ont fait de réels efforts de transparence, il faut encore améliorer les relations qu'elles entretiennent avec les entreprises, et notamment les PME qui comptent essentiellement sur elles pour financer leur développement. Peut-on imaginer que l'État puisse prendre des mesures coercitives si les banques ne jouent pas le jeu ?Je ne crois pas que la coercition puisse être efficace. Je crois plus au dialogue qu'à la menace. En revanche, il faut absolument contrôler la bonne distribution par les banques des fonds publics d'un montant de 22 milliards d'euros, que l'État a débloqués en faveur des PME. L'État n'a pas signé un chèque en blanc aux banques. Outre le reporting auquel devront s'astreindre désormais les banques, le rôle des préfets mais également de René Ricol, qui sera le médiateur entre les établissements financiers et les entreprises, sera primordial. Toutes ces mesures suffiront-elles à stimuler la croissance ?Au-delà des mesures conjoncturelles engagées dont nous avons parlé pour rétablir le marché de la liquidité interbancaire et soutenir le financement des petites et moyennes entreprises, le gouvernement a mis en place depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy un arsenal de mesures puissantes pour améliorer durablement la compétitivité des entreprises françaises, comme la défiscalisation des heures supplémentaires ou le dispositif ISF PME. Ce nouveau cadre réglementaire, largement plus favorable au développement des entreprises, a conduit de nombreux spécialistes internationaux à considérer la France comme une des terres d'investissement les plus attractives. Et, je l'espère, ce dispositif nous permettra d'être parmi les premiers pays à profiter de la reprise économique. De nombreuses mesures pour l'entrepreneur ont également été mises en place ?Absolument, plus de la moitié de la loi de modernisation de l'économie, qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain, est dédiée à l'entrepreneur. Tout d'abord, j'ai créé grâce à cette loi le nouveau régime de l'auto-entrepreneur qui est, selon moi, une véritable arme anticrise. Il facilite l'acte d'entreprendre en le simplifiant à l'extrême. Seules une déclaration d'activité et une déclaration mensuelle ou trimestrielle du chiffre d'affaires suffisent et c'est fini, plus de tracasserie administrative ! Ce régime s'adresse aussi bien au salarié ou au fonctionnaire qui veut arrondir ses fins de mois ou à la graine d'entrepreneur qui veut lancer une activité sans la complexité afférente à la création d'entreprise.Dans chaque département, les comités nous donneront une photographie très précise de l'efficacité des mesures prises par le gouvernement.Pour le secrétaire d'État, le gouvernement a su réagir le plus vite possible aux effets négatifs de la crise financière, en particulier pour soutenir les entreprises les plus fragiles.
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