Avec la crise, Oséo revient en force

Historiquement vouée à soutenir prioritairement l'aide à la création, et en particulier les projets plus innovants, Oséo a changé d'envergure. Née de la fusion entre l'Anvar et la BDPME en 2004, renforcée depuis le 1er janvier dernier par les moyens et les effectifs de l'Agence de l'innovation industrielle (AII), Oséo est désormais le partenaire numéro un des PME tricolores. Un rôle que la crise actuelle renforce énormément. Pour éviter l'assèchement des crédits, François Fillon a annoncé le renforcement des moyens d'intervention d'Oséo, via la Caisse des dépôts. Les prêts bancaires pouvant bénéficier de la garantie d'Oséo ont été augmentés de 2 milliards d'euros. La conversion des prêts court terme en moyen ou long terme, a été augmentée de 1 milliard d'euros. Quant à la capacité d'Oséo d'accompagner en cofinancement les prêts bancaires, elle a vu son enveloppe se gonfler de 2 milliards d'euros. Cette intervention financière de 5 milliards signée? Oséo s'inscrit dans le cadre des 22 milliards débloqués par l'État pour soutenir les PME.Par ailleurs, pour alléger la trésorerie des PME, Hervé Novelli a annoncé que le produit de mobilisation de créance Avance Plus d'Oséo proposé aux PME, utilisé essentiellement pour des donneurs d'ordres publics, est désormais ouvert plus largement aux donneurs d'ordres privés. « Ceci constitue un élément de réponse complémentaire à la question du crédit interentreprises. Oséo peut aussi intervenir sur les créances fiscales des PME », a expliqué le secrétaire d'État chargé des PME.Soutenir l'accès au crédit des PME est primordial, sachant que les entreprises françaises ne disposant pas assez de fonds propres pour autofinancer leurs investissements ont obligatoirement recours à l'endettement. Pour mémoire, le taux d'autofinancement est passé de 65 % début 2007 à 57 % un an plus tard. « De fait, si le robinet du crédit se tarit, les entreprises qui n'auront pas investi pendant cette période difficile ne pourront pas profiter du prochain retournement de cycle. C'est exactement ce qu'il s'est passé pendant la période difficile de 2001-2002. Le gouvernement doit donc veiller à augmenter le débit du robinet », prévient Yvon Jacob, du Groupement des fédérations industrielles (GFI). Ce lien entre endettement et performance est confirmé par la récente étude publiée par KPMG selon laquelle les entreprises les plus performantes sont celles qui ont le taux d'endettement sur fonds propres le plus élevé (61 %).Nouveaux réseauxÉvidemment, Oséo n'est pas le seul soutien aux PME. Qu'ils soient de dimensions nationales, régionales ou simplement locales, de nombreux réseaux sont apparus ces dernières années pour soutenir les entrepreneurs, accompagnant l'explosion de la création d'entreprise, observée depuis le vote de la première loi Dutreil en 2003, période au cours de laquelle le rythme mensuel des créations d'entreprises a progressé pour passer de 10.000 alors à plus de 30.000 aujourd'hui. S'ajoutant aux soutiens traditionnels que sont notamment les chambres de commerce et d'industrie (CCI), ces réseaux d'accompagnement assistent tous les types de créateurs d'entreprise. A chaque cas particulier d'entrepreneur correspond une structure d'aide et de soutien?: les chômeurs, les femmes, les seniors, les jeunes, qu'ils portent des projets innovants ou pas, les repreneurs d'entreprise peuvent, disposer de soutiens adaptés.Cette offre abondante a des effets pervers, certains créateurs d'entreprise, désemparés face à une telle débauche de structures de soutiens, préfèrent se lancer seuls. Or, tenter seul cette aventure est risqué. Si les messages de l'ensemble de ces acteurs sur la façon de mener à bien son projet divergent parfois, tous sont unanimes?: le taux d'échec est beaucoup plus élevé lorsque le créateur d'entreprise est isolé. La banque publique développe l'amorçage, considéré comme le laissé-pour-compte du financement de l'innovation en France. Oséo a imaginé une solution inédite en Europe?: le prêt participatif (PPA) remboursable sur une période de huit ans avec un différé d'amortissement de trois ans. Couvert par la garantie d'Oséo à hauteur de 60 %, il s'adresse aux entreprises de moins de cinq ans qui bénéficient déjà d'une aide d'Oséo. Il n'est demandé aucune garantie sur les actifs de l'entreprise, ni de caution personnelle. Son montant varie entre 50.000 et 75.000 euros, sachant que le soutien de la région peut le doubler jusqu'à concurrence de 150.000 euros. Jusqu'à présent, 300 jeunes entreprises innovantes ont bénéficié du PPA, pour un coût global d'environ 30 millions d'euros. Oséo espère doubler le nombre de bénéficiaires à terme, notamment pour les PME les plus innovantes. Le prêt participatif d'amorçage est unique en Europe.
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