Le Français en capitaine étoilé

Nicolas Sarkozy n'aime pas le petit temps. Il a commencé sa présidence tel un naufragé voguant au hasard sur les flots européens, changeant de direction au gré du vent, indécis quant au cap à prendre. Il avait beau souffler dans les voiles, rien ou presque ne se passait. Puis, le vent s'est levé. Une légère houle d'abord, venue d'Irlande, qui avait dit « non » à l'Europe. Ce n'était qu'un début. Avec la crise géorgienne et le cataclysme financier suscité par la faillite de Lehman Brothers, l'Europe est entrée dans une tempête sans précédent dont elle n'est pas encore sortie. Oublié, l'ancrage si peu européen de l'Union pour la Méditerranée et ses débuts piteux. Nicolas Sarkozy s'est mué en capitaine. Face aux Russes, il a inauguré une realpolitik qui ne dit pas son nom et a fait entrer les Européens de plain-pied dans l'après-guerre froide. Mais dans la tourmente financière, s'il a évité l'anarchie, on ne peut pas vraiment dire qu'il ait encore converti ses matelots aux vertus de la solidarité.Or la tempête n'est pas passée. L'horizon économique et social est si bouché que l'équipage ignore lui-même vers quel rivage il navigue. Le capitaine Sarkozy passera la main avant que le calme ne soit revenu. Telles sont les lois de la flibuste communautaire. Ramené au rang de simple matelot, sera-t-il loyal ou mutin ? Le gros temps a ouvert de sérieuses brèches dans le marché intérieur comme dans le pacte qui fonde l'unité monétaire. Il faudra les colmater.Il y a toutefois une constellation dont le capitaine n'a pas su percer le mystère, en dépit de son apprentissage virtuose de la carte du ciel. C'est celle de l'Allemagne. Paris et Berlin se sont littéralement perdus de vue. Le monde a changé. Mais la géographie du continent, avec la grande Allemagne en son centre, est toujours la même. Ce sera probablement l'ironique leçon du sommet qui s'ouvre aujourd'hui. Angela Merkel détient la clé des deux dossiers : la relance et le climat, sur lesquels sera jugée la présidence française. De là à penser que l'aura historique du capitaine Sarkozy dépend d'elle, il n'y a qu'un pas. Vue la désespérante confusion qui préside aux relations entre Paris et Berlin, il pourrait ne plus avoir d'autre recours demain que de se fier à sa bonne étoile. florence autret ++BSD ++PasSupprimerBalise balise systèmene pas supprimer++BSF ++
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