Insolemment surévaluée lors-qu'elle avait dépassé le seuil de 2,10 dollars il y a un peu plus d'un an, la livre sterling est aujourd'hui en voie de grave sous-évaluation. La monnaie de Sa Majesté a cédé le quart de sa valeur face au dollar cette année, sa plus forte baisse depuis 1992, l'année noire où elle fut boutée hors du mécanisme de change du système monétaire européen (SME). Au début de la semaine, elle a même enfoncé le seuil de 1,45 dollar, regagnant un peu de terrain hier, à la faveur d'un recul du billet à plus de 1,3050 pour un euro. Mais hier, la livre a pulvérisé son troisième record de faiblesse consécutif vis-à-vis de l'euro, pour sombrer à 0,88. Une dépréciation qui s'accélère depuis que ses rendements sont descendus en dessous de ceux offerts sur la monnaie unique le mois dernier pour la première fois depuis la naissance de l'euro il y a dix ans. Vis-à-vis du yen, la livre a cédé 45 % de sa valeur depuis l'été, refluant à son plus faible cours depuis une décennie.symbole de sa faillibilitéEt pourtant, le sort de la plus ancienne monnaie en circulation dans le monde, qui est aussi la plus volatile de la planète, ne semble pas encore scellé. Les Cassandre évoquent sa rechute à parité avec le dollar, l'humiliante situation qui s'était produite en février 1985, alors que la Grande-Bretagne, sous la houlette de la Dame de fer, était secouée par une de ses profondes crises sociales qui jalonnent son histoire. Face à l'euro aussi, chaque jour qui passe rapproche le couple euro-livre de la parité.Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour que s'arrête le carnage. Au point que l'insulaire Grande-Bretagne, longtemps eurosceptique convaincue, commence à faire les yeux doux à la monnaie unique. Car la décennie étincelante de l'économie britannique qui s'est achevée avec l'entrée dans la récession qui s'annonce la plus sévère des économies occidentales, avait été l'emblème de la renaissance de la place financière de Londres. La crise que traverse aujourd'hui le sterling est le symbole de sa faillibilité. La valeur de la monnaie constitue encore et toujours le meilleur baromètre de la santé d'une économie et le meilleur prédicateur de son avenir. Isabelle Croizard

latribune.fr

23 Déc 2008, 1:28

Partager :