Objectif : « 8 % de croissance en Chine en 2010 »

« Atteindre une croissance de 8 % l'an prochain ne sera pas difficile pour la Chine si l'investissement de son gouvernement est assez important », estime l'économiste Fan Gang, directeur de l'Institut national de recherche économique (Neri, Pékin) et membre du Comité de la politique monétaire de la banque centrale chinoise dans un entretien à « La Tribune ». La croissance chinoise s'est ralentie à 6,8 % au dernier trimestre 2008.Pour Fan Gang, « tout dépendra de l'ampleur de la relance cette année, des investissements en infrastructures et dans la protection sociale », sachant que les 4.000 milliards de yuans (452 milliards d'euros) du plan gouvernemental sont étalés sur deux à trois ans. « Le gouvernement chinois travaille actuellement sur des mesures supplémentaires, via la dette publique et des projets locaux : tout sera fixé d'ici à la réunion du Congrès national du peuple de début mars », détaille l'économiste. La relance de la consommation des Chinois est « une question de long terme, liée au taux d'épargne trop élevé des entreprises chinoises ». « La forte épargne n'est pas du fait des ménages mais des firmes, dont une trop grande part des recettes est thésaurisée depuis une quinzaine d'années : il faut la transférer vers les ménages mais c'est un travail de longue haleine impliquant de négocier avec des institutions et une modification des politiques », explique Fan Gang.impact négatif« La bonne nouvelle est que la Chine est encore en pleine urbanisation et cela suscite une demande en infrastructures publiques qui devrait être suffisante pour compenser la demande privée. » Si Fan Gang considère que « les plans de relance américain et européen ne sont pas suffisamment importants pour soutenir la demande mondiale », il considère que « le protectionnisme est un danger beaucoup plus dangereux ». « Si chaque pays prévoit un plan de relance mais ne consomme que ses propres produits, cela aura un impact négatif sur l'économie mondiale », souligne-t-il. Après les accusations de Washington d'une « manipulation » de la monnaie chinoise à la baisse pour favoriser les exportations de Pékin, le conseiller de la banque centrale chinoise indique que « les autorités gouvernementales chinoises seront opposées à tout appel à une dévaluation du yuan venant du marché ou de l'industrie chinoise », précisant que le yuan s'est déjà apprécié d'environ 10 % l'an dernier face à l'euro. « Les taux d'intérêt chinois ne sont pas trop élevés : le taux interbancaire chinois est de 0,8 % alors que son équivalent américain est actuellement à 0,1 % : il y a encore un peu de marge mais pas beaucoup », explique ce membre du Comité de la politique monétaire chinoise.Frank Paul Weber, envoyé spécial à Venise
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