« Nos clients connaissent une période difficile, Boeing aussi »

hep Hill, président de Boeing International Jugez-vous possible une sortie de crise dans les prochains mois ?La crise impacte directement le transport aérien dont dépendent nos commandes et cela se sent, tant dans le trafic passagers que cargo. Touche-t-elle à sa fin ? Il semble acquis que le pire est derrière nous. Reste à savoir si la croissance va repartir et à quel rythme. En 2009 ? Je n'y crois pas. 2010 ou 2011 ? il est trop tôt pour le dire. Cela dit, chez Boeing, nous pensons que le commerce et le besoin de voyages sont des éléments incontournables de la mondialisation qui ne vont pas disparaître.Craignez-vous de nouvelles annulations de commandes pour votre futur B787 ?Nos clients connaissent une période difficile, nous aussi. Notre philosophie est d'affronter ensemble les épreuves. Nous avons 861 commandes fermes. Ce chiffre peut évoluer. Nous tablons plutôt sur des reports que des annulations. Mais nous ne craignons pas de « white tails » [Ndlr, queues blanches : avion produit sans client]. Chez Boeing, nous ne fabriquons pas des avions qui n'auraient pas de clients.Craignez-vous de nouveaux retards sur le programme 787 ?Nous respecterons le dernier calendrier annoncé : premier vol avant la fin du deuxième trimestre 2009 ? je ne peux pas vous donner de date précise ? et première livraison au premier trimestre 2010. C'est un timing très serré, mais nous avons prévu un ambitieux programme de certification et d'essais en vol avec six appareils dédiés. Les tests au sol et les simulations que nous avons effectuées nous permettent d'éliminer au maximum les aléas. Nous n'avons pas caché devoir faire face à un défi important quant au poids de l'avion. Mais le Boeing 787 sera bien un avion révolutionnaire, pour les matériaux qui le composent, comme pour la maintenance et le confort en cabine. Surtout, il fera économiser 20 % de carburant, ce qui est essentiel pour nos clients.Pendant ce temps, Airbus a lancé son A380 et prépare son A350 pour concurrencer le B787. Que pensez-vous de sa stratégie ?Avec Airbus, nous avons beaucoup de respect l'un pour l'autre. Quand l'un réussit un joli coup, l'autre n'hésite pas à le féliciter. L'Airbus A380 est merveilleux et très impressionnant. Nous lui souhaitons le plus grand succès. Et nous aimerions qu'Airbus dise de même de notre B787. Cela dit, Boeing ne croit pas au marché des très gros avions et mise sur une stratégie de vols « point à point » plutôt que sur des liaisons entre très grands aéroports avec une multitude de correspondances. Quant à l'A350, il n'existe encore que sur le papier. Ce qui compte pour nous, c'est de proposer des avions permettant des vols rentables. En la matière, je suis très satisfait de notre gamme.Sur le dossier des avions ravitailleurs pour l'US Air Force, avez-vous repris l'avantage sur EADS ?Le secrétaire à la Défense Robert Gates a annoncé qu'il lancerait en août une nouvelle compétition pour ce contrat dont le vainqueur sera désigné en 2010. Plusieurs parlementaires influents souhaitent voir ce contrat découpé en lots. Robert Gates n'y est pas favorable car cela entraînerait des surcoûts, mais ce sera au Congrès de trancher. Si nous avons dénoncé le précédent contrat octroyé à EADS-Northrop, c'est en nous appuyant sur des éléments techniques et financiers montrant que l'intérêt de l'offre de Boeing avait été sous-évalué. Notre position ne se fonde en aucun cas sur un quelconque protectionnisme. Boeing n'a jamais mis en avant un tel argument.Propos recueillis par Pierre Kupferman et Olivier Provost
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