L'Europe joue les trublions sur le marché du sucre

Sur le Liffe, le cours de la tonne de sucre a franchi un nouveau sommet à 566,50 dollars la tonne, avant de ralentir sa course. Un envol alimenté par un rapport du négociant Czarnikow alertant les marchés sur les stocks, qui seraient nettement plus faibles que ce que les marchés anticipent. Soit 20 millions de tonnes, ce qui représente seulement? 6 semaines de consommation. De Mumbaï à Sao Paulo, les capitales sucrières, les analystes en comptaient plutôt 30, voire 70 millions de tonnes. Preuve de leurs inquiétudes, les prix du sucre ont augmenté sur les marchés locaux, en plus des marchés à terme, argumente Czarnikow. Les tensions constatées en Chine, en Inde ou en Afrique montrent que les réserves ont fondu.Aux États-Unis, l'industrie agroalimentaire s'inquiète aussi. Selon les données de l'United States Departement of Agriculture, le pays, qui n'est pourtant que le sixième consommateur au monde, devra importer 3,53 millions de tonnes de sucre cette année. Des industriels comme Kraft et Kellog ont donc demandé au gouvernement américain cette semaine de lever les taxes sur les importations de sucre, comme viennent de le faire en l'espace de quelques semaines l'Égypte, l'Indonésie, l'Inde ou la Chine.L'Europe, qui devrait disputer avec la Chine la place de troisième ou quatrième producteur mondial cette année avec quelque 14 millions de tonnes produites (contre 18 millions en 2005), devrait également voir ses importations progresser. L'Union européenne n'est donc pas étrangère à la crise du sucre en train de se profiler, puisque l'arrêt des subventions, pourtant échelonnée jusqu'à 2014, a incité les agriculteurs espagnols et irlandais à se tourner vers d'autres cultures, et oriente les industriels vers le marché international. à contre-courantSeule la France continue de voir ses surface betteravières progresser (+ 4 %, avec 360.000 hectares cette année). Le développement de la filière éthanol explique cette orientation à contre-courant, tout comme les subventions accordées par l'État. Début juillet, FranceAgriMer a versé 191 millions d'euros aux betteraviers français en l'échange de l'abandon de leur quota de sucre, soit près de 10.000 euros par betteravier. Lesquels ne devraient pas avoir de mal à trouver des débouchés hors quota pour les prochaines années. Les cours actuels, désertés depuis les années 1980, pourraient inciter les agriculteurs européens à revenir rapidement vers la betterave, qui produit du sucre en moins d'un an, alors qu'il faut 15 mois pour faire mûrir une canne à sucre. Aline Robertmatières première
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