Alstom lorgne le vaste marché indien de l'électricité

Pour Philippe Joubert, patron de la branche énergie d'Alstom, l'équation est simple : « L'Inde est le deuxième marché mondial d'électricité, en volume, le premier en termes de croissance. Nous voulons y occuper une place de leader. » Revendiquant déjà la première place des fournisseurs occidentaux d'équipements énergétiques en Inde, avec des ventes annuelles de 500 millions d'euros, le français veut passer à la vitesse supérieure. Et gagner du terrain sur son concurrent BHEL, qui a perdu il y a deux ans son monopole sur son gigantesque marché domestique.énormes besoinsEn début de semaine, Alstom a annoncé la création d'une coentreprise avec l'industriel indien Bharat Forge pour construire deux usines d'ici à 2012. La première, d'une capacité de 5 gigawatts, fournira des turbines et sera « l'une des plus grandes usines d'Alstom en dehors d'Europe », précise le groupe en refusant de chiffrer le montant de l'investissement. Il en détiendra 51 % aux côtés de son partenaire indien, filiale du conglomérat Kalyani Group, qui, lui, possédera 51 % de la seconde usine, qui fabriquera des composants plus petits pour les centrales.Les deux partenaires visent d'abord le vaste marché des centrales à charbon, ces dernières fournissant environ 55 % de l'électricité produite aujourd'hui en Inde (contre 10 % pour le gaz). Productrice de charbon, l'Inde va encore devoir recourir abondamment à ce combustible pour faire face à ses énormes besoins. Un Indien consomme aujourd'hui en moyenne trois fois moins d'électricité qu'un Chinois, vingt fois moins qu'un Occidental. L'essentiel des zones rurales où vivent 60 % des foyers n'est pas raccordé au réseau électrique. Un doublement de la capacité des centrales thermiques est prévu d'ici à 2012, pour atteindre 160.000 MW.La future usine d'Alstom, qui dispose déjà de trois sites de production en Inde hérités d'ABB, permettra au français de fabriquer sur place sa dernière génération de turbines de grande taille, dont il n'a vendu qu'un seul exemplaire en Inde pour l'heure. « Deux ou trois autres contrats sont en discussion », précise Denis Cochet, directeur commercial. Le groupe fonde aussi de grands espoirs en Inde pour ses systèmes de captage de CO2, dont il promet la disponibilité pour 2013.À plus long terme, cette future usine permettra d'équiper en îlots conventionnels les nouvelles centrales nucléaires dont le pays veut se doter à l'horizon 2020-2030. Les derniers obstacles réglementaires internationaux ont été levés cet été avec la signature d'une série d'accords, dont un accord bilatéral avec la France. Mais le recours aux technologies nucléaires internationales reste un sujet politiquement sensible.accord de coopérationAlstom a en outre inauguré hier a Vadodara (État de Gujarat) un centre de recherche et de développement sur l'hydroélectricité, qui fournit 20 % de l'électricité en Inde. Numéro 1 mondial avec 25 % du marché des centrales hydrauliques, le constructeur français mène des études sur les caractéristiques particulières des fleuves en Inde. « Nous travaillons pour adapter nos produits à ces eaux de chutes, rendues abrasives par le sable qu'elles transportent », a expliqué Philippe Joubert. Le groupe, qui réalise actuellement sur place 250 millions d'euros de chiffre d'affaires, y emploie 3.500 personnes. « Nous recrutons 750 ingénieurs dans les mois à venir », a annoncé le Alstom en signant un accord de coopération avec Delhi Engineering School, avant-hier.
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