Plus de 2.000 milliards de dollars de dette à refinancer

Ces dernières années, le marché du crédit a offert aux entreprises des conditions de financement exceptionnelles. Le problème est que l'environnement a radicalement changé. Les marchés obligataires sont extrêmement difficiles, voire fermés, pour un bon nombre d'émetteurs. Les banques prêtent moins, moins facilement et plus cher. Quant à la récession, annoncée ou avérée, elle promet de peser sur les chiffres d'affaires. Or les entreprises vont devoir refinancer un montant considérable de dette au cours des années à venir. En Europe, 2.100 milliards de dollars d'emprunts obligataires (émis par des entreprises et des institutions financières) vont arriver à échéance entre le dernier trimestre de cette année et fin 2011, estime Standard and Poor's. Dans la mesure où le coût du capital a significativement augmenté, il existe un « risque de refinancement significatif », prévient l'agence de notation. Lorsque l'on sait que, en plus, en Europe, les entreprises comptent sur le marché pour au maximum 30 à 40 % de leur financement?dangerosit髠Le problème de financement de l'économie réelle est extrêmement préoccupant », confirme Jacques Cailloux, économiste à la Royal Bank of Scotland. Les primes de risque (autrement dit l'écart de rendement entre les titres de dette privée par nature risquée et les emprunts d'État réputés sans risque) ont atteint des niveaux historiquement élevés. Selon le fournisseur d'indices Markit, une obligation à 10 ans, notée dans la catégorie triple B, rémunère les investisseurs en moyenne 590 points de base (1 point de base = 0,01 %) de plus qu'un emprunt d'État de même maturité. Ce qui correspond à un rendement de 9,6 %, compte tenu du niveau actuel des taux de référence à 10 ans en zone euro (3,7 % en Allemagne)?! En plus, si élevées soient-elles, ces primes ne donnent même pas le coût réel de l'accès au marché du crédit. Celui-ci reste en effet fermé au plus grand nombre. Seuls les émetteurs qui bénéficient d'une garantie étatique ou qui génèrent des revenus réguliers et prévisibles, comme les utilities (les entreprises de services aux collectivités), ont ainsi pu lever de la dette ces dernières semaines. Du côté du financement bancaire, les dernières enquêtes n'ont rien de rassurant. Plus de trois banques sur quatre reconnaissent ainsi avoir durci l'octroi de crédits aux entreprises depuis fin juin, selon la Banque de France. En dépit des multiples plans de soutien gouvernementaux, les économistes de la Royal Bank of Scotland ne se font pas d'illusion. « Nous nous attendons à ce que le rythme de croissance des prêts aux entreprises soit divisé par deux dans les six prochains mois. Il passerait ainsi d'un peu plus de 12 % à 6 voire 7 % maximum », déclare Jacques Cailloux. Le volume de prêts syndiqués a déjà considérablement diminué. Il est tombé à 6 milliards d'euros en octobre, son plus bas niveau depuis février 2004. Quant à l'exemple japonais, il n'a rien d'encourageant. Dans les années 90, l'État nippon avait, lui aussi, tenté d'imposer aux banques de continuer à distribuer du crédit. Avec le succès que l'on sait.
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