Plans sociaux ? : l'alibi de la crise ? ?

Pour la seule journée d'hier, 1.215 suppressions d'emplois annoncées chez l'équipementier automobile Faurecia, et 5.000 à 6.000 postes de visiteurs médicaux détruits d'ici à 2010 dans la pharmacie, selon les industriels du secteur.Au rythme d'un ou deux plans sociaux quotidiens ou de fermetures de sites, la crise économique est en train de se transformer en jeu de massacre sur le front de l'emploi. Tous les grands noms de l'industrie et des services ? PSA, Arcelor ou La Redoute ? restreignent leurs effectifs, entraînant, dans leur sillage, leurs équipementiers ou leurs fournisseurs. Preuve que la situation se dégrade rapidement, le nombre de plans sociaux notifiés au ministère du Travail a connu une accélération brutale. Alors qu'il n'y en avait eu que 64 en janvier et 51 en mai, 114 plans ont été déclarés en octobre, le dernier chiffre connu. Autre signe inquiétant, le nombre d'entreprises en cessation de paiement a crû de 11 % à Paris sur les onze premiers mois de l'année et le nombre de procédures judiciaires de 3,5 %, selon l'indicateur du greffe du tribunal de commerce de Paris dévoilé hier. Les conséquences de la crise financière justifient-elles des destructions d'emplois aussi rapides et d'une telle ampleur?? En annonçant 9.000 suppressions dans le monde, dont 1.400 en France, alors qu'il s'apprête à verser un dividende à ses actionnaires, ArcelorMittal a déclenché la polémique. Des groupes profiteraient de la crise pour effectuer des restructurations d'ampleur. « Parler d'alibi est très compliqué. Car des entreprises, qui ne font pas de pertes pour l'instant, en auront peut-être dans quelques mois si elles ne réduisent pas leurs effectifs », nuance Éric Heyer, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE.la polémique rebonditLa situation est, en effet, différente d'un secteur à l'autre. Nul ne nie que les équipementiers et les sous-traitants de l'automobile n'ont plus la trésorerie suffisante pour assurer leur survie sans licencier. En revanche, les restructurations dans d'autres activités ne sont pas que conjoncturelles. « Si la Camif a chuté, que La Redoute s'enrhume et que les 3 Suisses risquent de tousser, c'est autant parce que les pratiques de consommation évoluent que parce que la conjoncture se dégrade », souligne Xavier Lacoste, le directeur général d'Altedia.Plus important encore, les entreprises, qui naviguent dans le brouillard sur leurs carnets de commandes, ont tendance à jouer la précaution. « Avec l'absence totale de visibilité, on ne peut pas exclure qu'il y ait des réductions d'effectifs plus importantes que nécessaire », confirme Alexandre Law, chef économiste de Xerfi.La polémique risque fort de rebondir dans les prochaines semaines quand la situation de l'emploi se dégradera à nouveau. Selon Alexandre Law, le quatrième trimestre devrait être marqué par 30.000 à 40.000 destructions d'emplois supplémentaires, après 12.000 au troisième. L'OCDE, de son côté, prévoit 200.000 chômeurs de plus en France en 2009. Le débat sur les « licenciements boursiers » a de beaux jours devant lui. n agnès laurent ++BSD++Balise NePas supprimerBalise système ++BSF++
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