« Up » donne du relief au Festival

Le Festival de Cannes déroule ce soir le tapis rouge de sa prestigieuse cérémonie d'ouverture à John Lasseter, le patron de Walt Disney Animation, pour la première de « Up » (« Là-Haut »), produit par le studio Pixar, filiale de Disney depuis 2006. De « Toy Story » à « Ratatouille » en passant par « le Monde de Nemo » et les « Indestructibles », la créativité et le talent de Pixar ne font aucun doute. Mais ses succès grand public dans l'animation en images réalisées par ordinateur ne collent pas tout à fait à l'image d'un festival qui ne fait guère de place à la machine commerciale hollywoodienne. En 2006, le « Da Vinci Code » en ouverture avait reçu un accueil glacial.En revanche, de « Persepolis » de Marjane Satrapi, ovationné en 2007 et récompensé du prix du public, à « Valse avec Bachir » d'Ari Folman, donné un temps favori pour la palme d'or l'an passé, le film d'animation a conquis sa place au panthéon des meilleurs films d'auteur.« Up » n'appartient sans doute pas à cette catégorie, même si l'histoire du héros, un vieux grincheux de 78 ans ? doublé en français par Charles Aznavour ? qui s'envole pour un voyage extraordinaire, accroché à des ballons, dépasse le public enfantin.Mais en programmant un film en relief en ouverture, Cannes ne se fait-il pas l'annonciateur de la vague qui va dans les prochaines années bouleverser l'ensemble du secteur cinématographique et audiovisuel ? Pour les studios américains, la question ne se pose plus : Dreamworks a annoncé qu'il ne produirait plus aucun film d'animation sans relief. George Lucas rénove « Star Wars » en trois dimensions (3D). En juillet en France, la sortie de « l'Âge de glace 3 » en 3D précédera celle de « Up ». Sans parler du gigantesque projet « Avatar » de James Cameron, en décembre.Plus lucratifL'année prochaine, un film français, « la Nuit des enfants rois » (Onyx Films, Studio 37 d'Orange, etc.) s'ajoutera à la liste. Le relief ne concerne plus seulement les images réalisées par ordinateur, mais aussi la prise de vues réelle. On a vu le remake du film d'horreur « Meurtre à la Saint-Valentin » tourné en relief en début d'année. En France, Studio Canal a deux projets.Pour les salles, le relief est un argument contre la désaffection du public. Un film en relief génère plus de recettes que son équivalent en 2D : chaque salle attire plus de spectateurs et le prix du billet est vendu plus cher (de 15 à 25 dollars aux états-Unis).Certes, la transformation des salles pour le relief, entamée aux états-Unis (2.000 écrans), encore limitée en Europe (250), reste un investissement important.Mais l'?il du public n'attendra plus très longtemps. Le relief commence à s'installer sur les écrans TV. Les fabricants asiatiques, tel LG, ont des modèles prêts pour le visionnage en relief. Des manifestations sportives sont en partie filmées avec des caméras 3D relief. Et les DVD au format 3D, incluant en « bonus » les lunettes pour regarder chez soi en trois dimensions, s'annoncent.« Comme on parle aujourd'hui d'un film ?en noir et blanc?, nos enfants parleront bientôt d'un film ?plat?. Le relief sera pour eux la norme » prédit Aton Soumache, un des producteurs de « la Nuit des enfants rois ».Ceux qui seront dans la salle du Palais des festivals ce soir à Cannes pourront raconter à leurs enfants qu'ils ont vécu la séance historique où, pour la première fois, un film « plat » n'a pas fait l'ouverture de Cannes. Isabelle Repito
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