Crise du lait  : appel au calme général

Les pouvoirs publics veulent désamorcer au plus vite le conflit qui oppose les agriculteurs à Leclerc, Carrefour et autre Auchan. Les sénateurs font de même. Et les enseignes d'hypermarchés esquissent un geste. Objectif : calmer le jeu à la veille de l'été, période où, quasiment chaque année, les paysans excédés par la chute des prix brûlent leurs productions invendues sur les parkings des hypermarchés.La commission des Affaires économiques du Sénat a chargé l'Autorité de la concurrence d'enquêter sur les « rapports de concurrence au sein de la filière du lait ». Le gouvernement a, lui, convoqué une réunion d'urgence. Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, et Luc Chatel, secrétaire d'État à la Consommation, reçoivent aujourd'hui samedi Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, et William Villeneuve, président des Jeunes Agriculteurs. Ils aborderont la question de la « transparence dans la formation des prix alimentaires et les conditions d'application de la voi de modernisation de l'economie (LME) ». Cette table ronde se tiendra après cinq jours de blocage d'entrepôts de distributeurs, exutoires de la colère et du désespoir des agriculteurs.GRINCER DES DENTSHier, ils étaient 7.000 à empêcher l'accès à une quarantaine des quelque soixante plates-formes. Les agriculteurs ont utilisé la manière forte. Ainsi, à Craon (Mayenne), par deux fois dans la semaine, les chariots du Système U ont été dérobés, empêchant les clients de faire leurs courses.Ces méthodes font grincer des dents. Hier, la Fédération des entreprises de commerce et distribution a dénoncé les manques à gagner en hyper, suite à 25% de ruptures d'approvisionnement dans les rayons laitiers. La Coordination rurale déplore elle que, en raison du conflit, les achats de fruits et légumes soient suspendus. Les marchés d'intérêt national sont engorgés. « La campagne de la cerise est désastreuse. Et celles de l'abricot et de la pêche sont compromises », s'alarme-t-elle, en montrant du doigt la FNSEA, organisateur de l'appel national à mobilisation et pourtant signataire de l'accord sur le prix du lait qui, le 3 juin, a mis le feu aux poudres. « Bloquer n'est pas une solution », juge aussi l'Association nationale des industries alimentaires. « L'important est de trouver les solutions [...] pour sortir au plus vite de la [?] crise », indique son président, Jean-René Buisson.Trois groupements de distributeurs ont avancé une solution provisoire. Système U, Leclerc et Intermarché proposent de reverser 10 centimes par litre de lait aux éleveurs, en mettant à contribution fournisseurs et consommateurs. Et ce, pendant trois mois. « Le temps de trouver une solution pérenne », indique Système U. L'offre scandalise la FNSEA. « Tout d'un coup, la grande distribution trouverait des solutions ? Elle aurait donc une marge de man?uvre ? » s'agace Dominique Barrau, son secrétaire général.
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