Avis de tempête sur le financement de l'animation à la TV

Audiovisuel« Le film d'animation ne connaît pas la crise », assurent les organisateurs du Marché international du film d'animation (Mifa), qui s'est achevé hier à Annecy. De fait, le Mifa a connu cette année une fréquentation record. Et après le film « les Lascars », qui sort le 17 juin en salles, une dizaine de longs métrages d'animation initiés en France sont annoncés dans les deux prochaines années. Mais le dynamisme de l'animation française au cinéma, la seule en Europe à tenir son rang face aux mastodontes américains, s'appuie sur un tissu d'une centaine de sociétés, de studios et de 4.000 professionnels, dont l'activité régulière et le savoir-faire sont entretenus par la production de séries pour la télévision. Dans ce domaine, la France s'est hissée en vingt ans au 3e rang mondial derrière les États-Unis et le Japon et exporte ses programmes. Mais le modèle de financement donne des signes d'essoufflement. En 2008, le volume des séries d'animation produites pour la télévision a diminué à 259 heures, contre 314 en 2007 et 395 en 2006. La production 2008 représente un total de devis de 151,6 millions d'euros, contre 215 en 2006. Depuis 1996, seule l'année 2003 a connu un niveau inférieur.À la différence de la fiction, majoritairement financée par les chaînes de télévision nationales, les producteurs d'animation trouvent à peine la moitié du préfinancement de leur programme sur le marché français. Mais le marché interna­tio­nal, qui contribuait pour un tiers, se tarit?: « Les réseaux de chaînes américains [Disney, Cartoon Network?] concurrencent les grandes chaînes européennes, qui se désengagent de la diffusion de programmes jeunesse », note Marc du Pontavice, dirigeant de la société Xilam et président du Syndicat des producteurs de films d'animation (SPFA). crise publicitaireEt ces chaînes sont cette année touchées par la crise publicitaire. Elle affecte aussi les grandes chaînes privées françaises, soumises, elles, à une obligation d'investissement dans la production d'animation, assise sur leurs recettes publicitaires. Après France 3, TF1 est le second client des producteurs d'animation et commande cinq ou six séries par an pour quelque 10 millions d'euros. Elle a déjà annoncé, dans le magazine « Écran total », un budget réduit en 2010, et une série en moins. Dès 2009, l'apport de M6 va baisser de 3 % à 5,7 millions d'euros. Seul l'apport de France Télévisions, consigné dans des accords signés avec le SPFA, est renforcé?: il s'élève à 55 millions d'euros pour 2009-2010. Les chaînes de la TNT n'ont qu'une contribution marginale. Quant à Internet, le site de vidéos Youtube, filiale de Google, est venu au Mifa proposer aux producteurs des partenariats sous forme de partage des revenus de la publicité autour de leurs vidéos mises en ligne ou citer des miniséries Web financées par des annonceurs. Marc du Pontavice a pointé « l'illusion monétaire » de ces revenus très marginaux, loin de constituer une alternative au préfinancement des séries d'animation par la télévision. Isabelle Repito
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