Les quotidiens à nouveau bâillonnés

Et de cinq ! Ce samedi, pour la cinquième fois depuis le début de l'année, les syndicats mobilisent? contre la crise. Vous n'en aviez peut-être pas entendu parler mais ce samedi 13 juin est une nouvelle « journée d'action » organisée à l'initiative de nos huit grandes confédérations nationales. Comment ne pas adhérer à leur combat. Un combat contre la crise, c'est nécessairement un juste combat. Qui est pour ? Que les sondages indiquent un soutien massif des Français à leur lutte, cela ne peut surprendre. Cela étant, toujours d'après les mêmes enquêtes d'opinion, les Français n'attendent en réalité rien de cette journée. Ou si peu. Et ils ont raison. On ne voit pas ce que les quatre journées précédentes ont vraiment apporté. On ne perçoit pas en quoi elles ont favorisé la sortie de crise. On a du mal à comprendre en quoi les revendications, d'une originalité forte et d'un éclectisme total (la hausse du Smic, la suppression du bouclier fiscal, le maintien des emplois dans la fonction publique, etc.), y aideront. Les syndicats eux-mêmes sont d'ailleurs conscients des risques de démobilisation. La lassitude est telle, chez les Français, qu'ils sont bien décidés à ne pas participer à cette journée d'action. Ou si faiblement. Les syndicats se fixaient hier une ambition bien modeste ? « faire au moins aussi bien que le 1er mai » ! Le 1er mai avait été, on s'en rappelle, un quasi-échec. Bref, sentant que cette journée risquait de passer pratiquement inaperçue, les syndicats ? le plus puissant d'entre eux en l'occurrence, la CGT ? ont trouvé la parade : une nouvelle journée sans journaux. Il y aura des trains et des avions, il n'y aura pas de journaux dans les kiosques. À l'initiative du syndicat CGT du Livre, les quotidiens régionaux et nationaux ne paraissent pas aujourd'hui. Comme si la presse écrite avait besoin de cela. Avec la chute de la publicité et la montée des nouveaux médias, elle est déjà, partout dans le monde ? on le voit avec les décisions que l'icône de la profession, le « New York Times », est conduite à prendre en ce moment ? l'une des industries les plus frappées par la crise. Le choc y est plus violent même que dans la banque ou l'automobile. Grâce au Net, les journalistes des quotidiens peuvent aujourd'hui continuer à informer et à commenter, comme ici, cette actualité. À cause de quelques irresponsables, soutenus par leur confédération, il n'est pas certain qu'ils le pourront encore longtemps ! [email protected] Erik Izraelewicz
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