Une couronne d'épines pour la recherche en économie

Où sont passés les 58 théoriciens de l'économie couronnés par le prix Nobel ? Le monde lutte depuis des semaines contre une crise qui ronge sa finance. Mais les États semblent impuissants à l'endiguer. Les grandes percées théoriques, récompensées à Stockholm, sur l'équilibre et la stabilité du système économique, sur les comportements de ses acteurs et leur rationalité, apparaissent sans prise sur la réalité de la tornade actuelle. Le quarantième prix Nobel d'économie, qui doit être attribué aujourd'hui, en tiendra-t-il compte ? Cette récompense est " l'aboutissement d'une gestation de plusieurs mois qui couronne des travaux anciens et déjà reconnus ", raconte Dominique Roux, auteur de Nobel en économie (éditions Economica) et ancien membre du jury.Que n'a-t-on entendu sur le penchant du Nobel à couronner particulièrement la pensée libérale avec, par exemple, Milton Friedman, chantre du monétarisme, fondateur de l'école de Chicago, " nobélisé " en 1976 ? " Faux ", réagit Dominique Roux, qui voit un équilibre entre Nobel de droite et de gauche. Il cite le Russe Leonid Kantorovich, " figure de la nomenklatura communiste ", l'Indien Amartya Sen (économie du bien-être) ou l'Américain Joseph Stiglitz, référence des altermondialistes.UN CANDIDAT FRANCAIS Depuis dix ans, en revanche, pas un seul des récipiendaires n'avait choisi la finance comme sujet d'investigation. Quid aussi de la question de la régulation de la finance et de la gouvernance internationale dans une économie mondialisée ? Les milieux scientifiques français verraient bien Jean Tirole, spécialiste de la théorie des jeux en microéconomie et de celle de l'information, rafler la mise. Ses travaux portent notamment sur les conséquences d'un accès inéquitable à l'information qui engendre la suspicion entre partenaires commerciaux au point de geler leur activité. Plus classiques, les Américains avancent des noms tels que Lars Hansen, de l'université de Chicago, pour ses avancées réalisées en économétrie.Martti Ahtisaari, prix Nobel de la paixUn juste. C'est l'impression qu'avait immédiatement dégagée Martti Ahtisaari quand nous l'avions rencontré cet été à Helsinki. Le Finlandais, 71 ans, qui a reçu le prix Nobel de la paix vendredi, n'est pas du genre à parler à la légère et à gaspiller le respect naturel qu'il impose. Mais toutes ses paroles, au débit lent, sont soupesées par les convictions profondes d'un homme qui a consacré sa vie à se battre pour la paix. Pour le compte de l'ONU, Martti Ahtisaari a notamment travaillé sur les conflits de la Namibie (alors occupée par l'Afrique du Sud), d'Aceh (Indonésie), d'Irlande du Nord... Sa dernière grande oeuvre a été l'indépendance du Kosovo, où il était l'envoyé spécial des Nations unies à partir de 2005. Il a habilement su écarter les oppositions de la Serbie et de la Russie, jusqu'à l'indépendance en février dernier.
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