Les chaînes publiques sur la défensive ailleurs aussi

Pourquoi France Télévisions a-t-il retardé d'une semaine la publication de ses tarifs publicitaires ? Pour s'adapter à ceux des chaînes privées ? Non. La régie pub du groupe a voulu peser les conséquences de la décision - inscrite in extremis dans le projet de loi audiovisuel - d'arrêt de la publicité sur RFO (lire " La Tribune " du 3 octobre). Et qu'elle a attendu, en vain, des décisions sur les campagnes pour les causes d'intérêt général après 20 heures sur lesquelles elle voulait élaborer des tarifs. C'est révélateur des incertitudes qui pèsent sur un groupe public, dont le nouveau cadre législatif et réglementaire pour janvier 2009 sera au mieux adopté en décembre !Patrick de Carolis, PDG de France Télévisions, n'est pas seul dans cette situation. La réunion annuelle des dirigeants des télévisions publiques du monde, qui s'est terminée hier en Arles, a montré que le débat sur la légitimité des chaînes publiques n'est pas une spécificité française. Un peu partout, la démultiplication des réseaux numériques semble donner aux téléspectateurs tous les choix, et poser la question du rôle d'un acteur public. Une représentante de la télévision taiwanaise PBS a expliqué comment, depuis un changement de gouvernement, le budget 2008 est suspendu et les développements numériques gelés. La RTVE espagnole, sur laquelle la publicité est réduite progressivement de douze à neuf minutes par heure, sans introduction d'une redevance, est attaquée par ses concurrentes privées sur sa programmation qui ne remplirait pas assez des missions de service public.NEUF GROUPES ONT UN BUDGET SUPERIEUR A 1 MILLIARD D'EUROSDans le monde, seuls neuf groupes publics de télévisions ont un budget supérieur à 1 milliard d'euros, selon une étude italienne présentée en Arles. France Télévisions arrive en cinquième position avec un budget de l'ordre de 2,9 milliards d'euros, loin derrière la BBC (6,5 milliards), l'ARD allemande, la NHK japonaise et la RAI italienne. En Europe de l'Ouest, la télévision publique réalise des parts d'audience généralement supérieures à 30 %. Avec 38,1 %, France Télévisions fait mieux que la BBC (34 %). Les diffuseurs publics entendent garder ce rôle fédérateur de tous les publics et refusent que la profusion des accès aux images les cantonne à un rôle de niche pour toucher les seules élites.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.