Une escroquerie de 50 milliards de dollars à Wall Street

Wall Street est sous le choc. L'un des plus grands scandales de l'histoire de l'industrie financière des États-Unis, figurant en bonne place avec ceux de Enron et WorldCom, a été soudainement révélé avec l'inculpation jeudi de Bernard Madoff. Cet ancien président non exécutif du Nasdaq, qui en reste membre du comité des nominations, a été arrêté pour avoir accumulé 50 milliards de dollars de pertes frauduleuses dans un hedge fund placé sous la tutelle de sa société de conseil en investissement, Madoff Investment Securities. Lors de son arrestation, Madoff, ensuite libéré contre une caution de 10 millions de dollars, a avoué qu'il « n'existait pas d'explication innocente » aux accusations portées contre lui. Le FBI accuse cette personnalité, jusque-là très respectée à Wall Street, d'avoir « rémunéré des investisseurs avec de l'argent inexistant », une infraction qui l'expose à vingt ans d'incarcération et à une amende de 5 millions de dollars. Le gendarme des marchés financiers (SEC), qui craint que la quasi-totalité des actifs de son fonds soient fictifs, a porté plainte au civil contre lui. stratégie simpleD'après les premiers éléments recueillis par les enquêteurs, l'escroquerie a démarré « au moins depuis 2005 ». Madoff a expliqué à une vingtaine de clients institutionnels et particuliers que son fonds alternatif, qui affichait des rendements exceptionnels même quand le marché chutait, suivait une stratégie simple?: officiellement, il investissait dans des actions et faisait des allers-retours sur des options pour limiter les risques inhérents à son portefeuille de titres. « Il s'agit d'un énorme mensonge », avait confié dès mercredi Madoff à des cadres dirigeants de sa société qui a, par ailleurs, 17,1 milliards de dollars sous gestion. Il avait alors qualifié son arnaque de « montage Ponzi géant ». En clair, Madoff « gérait et perdait l'argent de ses anciens investisseurs mais leur versait toutefois des dividendes liés à de prétendus rendements grâce à l'argent en fait investi » par de nouveaux clients, décrypte le FBI. Hier, Wall Street tentait d'évaluer les conséquences de cette fraude, notamment pour les hedge funds les plus exposés aux montages de Madoff, Fairfield Sentry et le Kingate Global Fund. Selon l'agence Reuters, la banque privée suisse Benedict Hentsch et le fonds Primeo Select, géré par Pioneer Investments, une division de l'italien UniCredit, figuraient aussi parmi les clients de Madoff. Une nouvelle fois dépassée par l'ampleur de la fraude, la SEC estime avoir agi « rapidement » dans cette affaire. Madoff Investment Securities était le vingt-troisième teneur de marché (« market maker ») sur le Nasdaq.
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