EDF en quête d'indépendance

chronique de la volatilitéLe statut défensif d'EDF acquis depuis sa privatisation partielle est aujourd'hui brouillé. C'est du moins l'information véhiculée par les marchés dérivés. En effet, la volatilité implicite de l'action EDF, mesure de la perception du risque à court terme par les actionnaires observée via les options à trois mois, a fortement progressé (+ 12 points) depuis un mois alors que la volatilité implicite de l'Euro Stoxx 50 a reflué de 3 points sur la période. Il faut dire que les annonces concomitantes par le gouvernement d'un gel des augmentations tarifaires en 2009 et de l'investissement supplémentaire de 2,5 milliards d'euros par EDF en France nous a rappelé à quel point la tutelle de l'État est encore bien présente. Cependant, les analystes d'Exane BNP Paribas relativisent ces annonces. L'investissement français, même s'il n'était pas officiellement chiffré, était déjà prévu dans le plan d'investissement global de 35 milliards d'euros. Par ailleurs, cette participation « patriotique » au plan de relance pourrait constituer un élément du compromis avec l'État permettant la convergence des tarifs régulés vers les prix de marché exigée par Bruxelles. Et aujourd'hui la baisse du pétrole offre une opportunité historique de converger sans fracas, une hausse annuelle des tarifs régulés de seulement 5 % (3 % sur les tarifs destinés aux particuliers) étant désormais nécessaire pour atteindre cet objectif d'ici 2013. Dans ce scénario, les analystes valorisent l'action à 63 euros. Autre moteur de création de valeur, l'autorisation de rallongement de la durée de vie du parc de centrales nucléaires au-delà de quarante ans prendra du temps, mais des indications en ce sens devraient survenir avant 2013. Au plus grand bénéfice des actionnaires, chaque année supplémentaire apportant 1 euro à la valorisation de l'action. Enfin, le dernier faisceau d'incertitudes provient des offres sur British Energy et sur les centrales nucléaires de Constellation. Même si ces investissements diluent peu le bénéfice par action, ils augmentent le levier financier du groupe et son exposition aux tarifs dérégulés à un moment où ces derniers subissent la baisse des prix de l'énergie. Mais c'est sans doute le prix à payer pour gagner en levier opérationnel et au final s'émanciper progressivement de la tutelle de l'État? nLa participation « patriotique » au plan de relance pourrait constituer un élément du compromis avec l'État.Par LaurentRoussel,directeur généraladjoint de la recherche chez Exane Derivatives.
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