Kandinsky, le chant des formes et des couleurs -

Il fut l'ami du compositeur Schoenberg et du peintre Paul Klee. Musique et spiritualité. Tout l'art du peintre d'origine russe Vassily Kandinsky se situe dans cet esprit-là. Un rythme musical de la composition et une profonde interrogation de l'espace et de la forme. Celle-ci débouchant à la fin de sa vie sur une cosmogonie peuplée de microcosmes vibrionnants chargés de couleurs et de fantaisie. La rétrospective que lui consacre aujourd'hui Beaubourg en suit le trajet à travers une centaine d'?uvres. Des premiers tableaux encore figuratifs à cette irruption musicale et mélodieuse de la forme quand elle s'échappe de la couleur pour rejoindre dans un galop frémissant l'abstraction.Né dans une famille bourgeoise, Kandinsky ne se destinait pas au demeurant à l'art. Il fait d'abord des études de droit. C'est seulement à l'âge de 30 ans qu'il part étudier la peinture à Munich. Début d'une aventure qui va le conduire un peu partout en Europe, surtout à Paris et en Allemagne. Autant d'étapes qui nourrissent sa création et provoquent chez lui une avancée dans sa recherche picturale.Au début émerge une peinture qui semble devoir beaucoup à celle de Van Gogh avec sa touche caressante mais néanmoins frénétique. Peu à peu la figure s'estompe au profit d'une silhouette à peine esquissée. Elle se perd dans la couleur qui devient très vite sarabande, dessine des paysages et des frémissements de formes. Ces dernières se parlent entre elles, disent uniquement la peinture dans sa pureté la plus totale. La plus absolue. Comme si elles venaient juste de naître. Mais Kandinsky ne s'arrête pas là. Il fait exploser la composition. Elle s'anime, vit de formes organiques anamorphiques. Théoricien, il instaure un vocabulaire propre à l'abstraction. Le triangle est jaune, le cercle bleu profond, le carré rouge.rêve et innocenceMais entre 1914 et 1919, Kandinsky s'arrête de peindre. Il dessine. Désormais le geste et le trait prennent une dimension considérable dans sa peinture. Ce qui le conduit vers une sorte de jeu cosmique dans lequel on s'approche du rêve et de l'innocence. C'est comme si toute la peinture cherchait à s'évader de la toile. Vers où ? Cette liberté étonne, éblouit. Elle habite toutes les ?uvres de la fin. Kandinsky meurt à Paris, en 1944. L'Allemagne nazie a qualifié ses ?uvres d' « art dégénér頻. Quant aux Russes, ils les ont retirées de leurs musées.Si, sous une apparente harmonie, l'accrochage de cette exposition paraît parfois un peu confus, cette impression semble due à une mise en espace aux repères flous. n Jusqu'au 10 août. Centre Pompidou, place Pompidou, 75004 Paris. Tél. : 01.44.78.12.33. Catalogue, Éd. Centre Pompidou, 44,90 euros. « Kandinsky, le peintre de l'invisible », Découverte Gallimard, 8, 40 euros.
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