La revanche de Credit Suisse sur UBS

que Pour la première fois depuis plusieurs mois, UBS peut souffler. Mercredi, la banque suisse a trouvé un arrangement dans l'affaire de fraude fiscale qui l'oppose au fisc américain. Prémices de son rétablissement ? Pas si sûr. Car UBS compte parmi les grands naufragés de la crise financière. Touchée, presque coulée, elle est aujourd'hui distancée par sa rivale historique de Zurich, Credit Suisse. Une chose impensable avantle tsunami des subprimes.Depuis dix ans, la finance helvétique assiste à une lutte frontale entre les deux adversaires. Au milieu des années 2000, les deux banques dégageaient des profits record, flirtant toutes deux avec les 12 milliards de francs suisses en 2006 (7,85 milliards d'euros). Mais les marchés donnaient leur préférence à UBS, jugée plus audacieuse et plus internationale. Au tout début de l'année 2007, sa capitalisation boursière était de 156 milliards de francs, contre 103 milliards pour Credit Suisse, d'après Thomson Reuters Datastream. Mais la crise est venue bouleverser la hiérarchie bancaire de l'autre côté des Alpes.Si les deux banques ont accusé de lourdes pertes en 2008, l'année 2009 a changé la donne. Ainsi, au premier semestre, UBS a accusé une perte de 3,4 milliards de francs suisses, tandis que sa rivale engrangeait 3,6 milliards de bénéfices.Dans tous les métiers, UBS est distancée. En banque d'investissement, d'abord. Au deuxième trimestre, cette activité lui a fait perdre quelque 1,85 milliard de francs. Une goutte d'eau en comparaison des 33,7 milliards de francs de perte en 2008, mais très loin du 1,7 milliard de francs de bénéfice de Credit Suisse. des modèles différents« Les modèles des deux banques sur ce métier ont été développés de manière très différente, explique Jean Sassus, analyste chez Raymond James. Durant les années 2000, UBS a cherché à rattraper son retard dans les produits de taux. Résultat, elle s'est engouffrée sur le marché des ?mortgages? [crédits hypothécaires, Ndlr] aux États-Unis. » De son côté, Credit Suisse s'était plutôt concentrée sur « l'immobilier commercial, les prêts à effet de levier (LBO) et le conseil en fusion-acquistion, moins directement touchés par la crise des subprimes ». Et surtout, la banque a fait preuve de diligence pour se dégager de ses activités à risques. Par exemple, entre 2007 et 2008, son portefeuille de prêts LBO a été réduit de 35 milliards de francs à environ 900 millions.En gestion de fortune, UBS conserve un avantage. Elle gère 1.656 milliards de francs (plus du double de Credit Suisse). Toutefois, ses investissements hasardeux dans les subprimes, ses liens avec Bernard Madoff, et, enfin, l'affaire de fraude fiscale aux États-Unis ont achevé de convaincre une partie des clients de sa banque privée de retirer leur argent. Entre 2008 et le premier semestre 2009, pas moins de 141,1 milliards de francs ont quitté les caisses d'UBS. Sur la même période, Credit Suisse recevait 73 milliards de francs d'argent frais. Comme un symbole, en février dernier, UBS s'est trouvé un nouveau directeur général. L'heureux élu ? Oswald Grübel, un des piliers de Credit Suisse.
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