« Le volet social est indispensable »

Gilles de Robien, délégué du gouvernement auprès de l'Organisation internationale du travail (OIT)Les perspectives économiques du Bureau international du travail pour l'année 2009 sont très sombres. Quelles sont les recommandations nationales qui ont retenu l'attention au plan international ?L'Organisation internationale du travail table sur au moins 50 millions de demandeurs d'emploi supplémentaires et 200 millions de personnes supplémentaires en dessous du seuil de pauvreté, et ce, directement en raison de la crise. C'est pourquoi le BIT est très attentif aux différents plans de relance mis en ?uvre par les États. De nombreux observateurs internationaux ont noté que le plan de relance français, conforme aux orientations proposées dans le dernier rapport du BIT sur la crise, était à double détente. D'une part, la France a soutenu le pouvoir d'achat, grâce à la protection sociale traditionnelle et aux efforts supplémentaires qui ont été faits, du RSA à l'indemnisation du chômage partiel. D'autre part, elle a relancé les investissements pour les infrastructures et le logement, et offert un soutien direct à l'activité économique, avec les aides au secteur automobile, par exemple. La France est donc un pays qui apparaît aujourd'hui comme un modèle d'équilibre entre croissance et protection sociale.Mais certains estiment que le modèle français pourrait aussi freiner la reprise?Je suis persuadé du contraire. La protection sociale est non seulement un atténuateur de la crise, mais aussi un accélérateur de reprise. Parce que le pouvoir d'achat aura permis à la machine économique française de continuer à tourner et demain de rebondir avec un handicap moins profond. L'indemnisation du chômage partiel, par exemple, permet aux salariés qui sombreraient dans le chômage puis dans un RMI-RSA de rester dans le monde du travail en conservant la culture d'entreprise et en acquérant de nouvelles connaissances grâce à la formation. De quoi leur permettre de profiter de la reprise et de l'accélérer. Rester actif, c'est être réactif à la reprise.La France fait donc figure de modèle sur le plan international?En tout cas, en respectant un juste équilibre entre le développement social et le développement économique, la France est un point de référence. Il est indispensable que la nouvelle mondialisation ait un volet social, dont pourrait être chargée l'OIT. Et auquel la France pourrait contribuer largement, à condition de débloquer certaines rigidités dans notre Code du travail et dans notre culture économique.Propos recueillis par L. J. B. et I. M.
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