Nicolas Sarkozy prépare son grand oral social

Mercredi, le président de la République sera à la man?uvre lors du sommet social qui se tiendra à l'Élysée. Deux semaines après son intervention télévisée, le soldat Sarkozy va, une nouvelle fois, tenter de déminer le terrain social. Et d'éteindre un feu qui se répand des universités aux Antilles et couve chez les salariés du public et du privé.L'exercice ne sera pas simple. Six ministres et secrétaires d'État ont recueilli la semaine dernière les doléances des syndicats et du patronat. «Il y a eu ces contacts pour avoir des positions assez claires avant la réunion du 18 février», a indiqué hier sur iTélé Raymond Soubie, le conseiller du Président sur les questions sociales. Le chef de l'État entend ainsi fixer le cap des réformes sociales à venir, dans une enveloppe qu'il a fixée à 1,4 milliard d'euros.Les grandes lignes sont d'ores et déjà connues. à l'issue des rencontres, les syndicats avaient le sentiment que le gouvernement était prêt à mettre en place des mesures sociales et fiscales ponctuelles mais pas à réorienter en profondeur sa politique. En clair, leurs demandes récurrentes en faveur d'un arrêt des suppressions de postes dans la fonction publique, d'une hausse des salaires ou de la suspension de la loi Tepa ont très peu de chances d'être entendues.Le chef de l'État préfère se concentrer sur l'amélioration de l'indemnisation du chômage partiel, désormais rebaptisé activité partielle dans la « Sarkolangue ». Considérant que l'accord signé par les partenaires sociaux à la mi-décembre est déjà dépassé, il veut aller plus loin (relèvement du niveau et de la durée d'indemnisation) et « trouver des solutions » pour que les salariés au chômage partiel puissent se former. L'accent sera aussi mis sur l'indemnisation des précaires et des jeunes chômeurs (voir ci-dessous) et les fameuses « classes moyennes », ou plutôt le « bas de classes moyennes » très exposé à la crise. Parmi les autres pistes figurent la suppression du deuxième tiers de l'impôt sur le revenu pour les contribuables se situant dans la première tranche (peu probable), une hausse des allocations familiales ou la création d'un chèque emploi-service universel financé par l'État.En avançant quelques mesures dès le 18 février, le Président espère diviser le front syndical. Déjà, en n'invitant à l'Élysée que les cinq centrales représentatives sur les huit organisations à l'origine de la journée d'action du 29 janvier, il sème le trouble. Or des fissures sont déjà apparues dans l'intersyndicale, lundi dernier, lorsqu'il a fallu décider des suites à donner à la protestation. Sous la pression de la CGT, de FO et de Solidaires, les autres syndicats ? CFDT en tête ? se sont ralliés à l'idée d'une journée d'action le 19 mars. Mais sans conviction. Une faille que n'ont pas manqué de pointer plusieurs ministres en s'étonnant d'une mobilisation décidée avant même la rencontre avec le Président. Pour Raymond Soubie, la journée du 19 mars est déconnectée de la réunion du 18 février. Sans toutefois l'avouer, les syndicats les plus réformistes ne boudent pas leur plaisir d'être conviés à plancher sur des thèmes qui sortent de leur pré carré, tels que la fiscalité. Si Sarkozy leur donne en partie satisfaction mercredi, leurs ardeurs revendicatives pourraient s'amoindrir. L'intersyndicale du 23 février, devant définir les modalités précises des actions du 19 mars, sera un bon test de la capacité à convaincre ? et à diviser ? du chef de l'État.
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