Barnier pris dans les filets des quotas de pêche

Les pêcheurs de la côte d'Opale poursuivent le blocage des ports de Dunkerque, Boulogne-sur-Mer et Calais entamé mardi, paralysant notamment le trafic des ferries vers l'Angleterre, pour obtenir une hausse des quotas, notamment de cabillauds et de soles. Une délégation nordiste devait être reçue hier dans la soirée par le ministre de tutelle, Michel Barnier, qui s'est dit prêt au « dialogue » sur des mesures « d'accompagnement économique » pour les entreprises de pêche en difficulté. Mais le ministre a écarté toute remise en cause des quotas qui, comme l'a rappelé une porte-parole de la Commission de Bruxelles, ont été négociés et adoptés par les États membres de l'Union européenne en décembre, alors que la France présidait l'Union. Les pêcheurs nordistes apprécieront. En juin dernier, alors que le port de Boulogne-sur-Mer était encore bloqué et que Nicolas Sarkozy allait prendre la présidence de l'Europe, le chef de l'État leur avait promis tout le contraire. « La première chose, c'est l'affaire des quotas : il faut qu'on en sorte, et on a une opportunité pour en sortir, c'est que la France va présider l'Union européenne du 1er juillet au 31 décembre », avait-il déclaré devant environ trois cents pêcheurs. Et de marteler : « C'est une opportunité pour engager un dialogue très approfondi, très fort, avec la Commission européenne. » On connaît la suite.Selon les services de Michel Barnier, si les pêcheurs du Nord ont dépassé avant l'heure leurs quotas du premier trimestre, et même pour certains les quotas qui courent jusqu'à fin juin, c'est parce qu'il y avait « trop de bateaux » sur cette zone. La solution ne passerait pas par une augmentation de quotas qui n'aurait pour résultat que de faire s'effondrer les stocks de poisson. D'ailleurs, les quotas de cabillaud ont été déjà augmentés de 30 % en 2009 par rapport à 2008. Bref, on a l'impression de revoir le même film tous les ans à la même époque. Les pêcheurs réclament une rallonge constatant qu'ils ont déjà dépassé le faible quota qui leur est accordé.5.000 euros d'astreintes Mais les pêcheurs récusent cette manière de voir les choses. Avant de rencontrer hier Michel Barnier, Jacques Pinto, représentant de la CFDT à Boulogne-sur-Mer a déclaré : « On y va dans l'espoir de renégocier les quotas de prises. On ne veut pas de l'argent public, on veut travailler. »  Selon Patrick Haezebrouck, vice-président CGT du comité des pêches de Dunkerque, les hommes en bleu veulent « tout simplement une nouvelle gestion de la pêche, un quota national ou local qui permette à la petite pêche artisanale de vivre ». Par exemple, dit-on, s'il n'y a plus de quota, les jeunes ne peuvent plus se lancer dans ce métier car un trémailleur d'occasion peut coûter de 150.000 à 250.000 euros. En attendant le résultat de la rencontre avec Michel Barnier, le tribunal de Boulogne-sur-Mer a enjoint aux pêcheurs de cesser le blocage des ports sous peine d'astreintes sur une plainte des compagnies de ferries LD Lines et P & O. Pour le port de Calais, l'astreinte est de 1.000 euros par navire et par heure. En ce qui concerne le port de Boulogne, l'astreinte est fixée à 5.000 euros par heure et par navire.
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