Cuba éclipse l'économie au sommet des Amériques

Le président Barack Obama a beau avoir tout fait pour que l'épineux dossier de l'embargo vis-à-vis de Cuba ne s'invite pas au sommet des Amériques, qui se tient à Trinidad de vendredi à dimanche, cela a été peine perdue. Les leaders des 34 pays présents ont déjà prévenu?: ils demanderont à ce que Washington lève un blocus vieux de 47 ans et qui, manifestement, n'a pas réussi à faire plier La Havane en matière de démocratie et de droits de l'homme. Les pressions internationales pour la levée du « bloqueo », comme on dit à Cuba, se sont intensifiées ces derniers mois. De l'ONU à l'Union européenne en passant par les pays latinos eux-mêmes, tout le monde estime que le dispositif n'est plus qu'un reliquat de la guerre froide. Dernière demande officielle en date, celle du président brésilien Lula, en visite à Washington il y a quelques semaines. De son côté, Barack Obama, fidèle à une promesse de campagne, a annoncé, quelques jours seulement avant le sommet, un assouplissement des règles vis-à-vis de Cuba. Fait nouveau, deux porte-parole, l'un parlant anglais, l'autre, espagnol, se sont exprimés. Désormais, les Américano-Cubains auront le droit de rendre visite à leur famille restée sur place aussi souvent qu'ils le voudront, et non pas tous les trois ans seulement, comme le prévoyaient les anciennes règles, durcies par George W. Bush. De même, alors qu'ils ne pouvaient envoyer que 300 dollars par trimestre, et encore, à leurs proches uniquement, ils pourront en transférer autant qu'ils le voudront. Enfin, au nom de la « liberté de circulation de l'information », les entreprises de télécommunication américaines bénéficieront d'une levée des restrictions sur leurs activités vers l'île. la raideur du CongrèsReste que les citoyens américains qui ne sont pas d'origine cubaine n'ont toujours pas la possibilité de voyager à Cuba ? à moins d'être expert, journaliste ou missionnaire. Pas plus que les entreprises américaines, dans des domaines aussi variés que le rhum et le pétrole, ne peuvent nouer des accords avec des partenaires locaux ou s'y implanter. Comme le regrettait un récent éditorial du « Boston Globe », « ce sont des sociétés chinoises qui ont obtenu des contrats pour pomper le pétrole cubain, sans que l'on sache si elles respecteront les normes environnementales, et tout cela à moins de 150 km des côtes de la Floride ». Une majorité de Nord-Américains comprend donc mal la raideur du Congrès (dont le vote est nécessaire pour lever l'embargo), tandis qu'une majorité de Sud-Américains récuse l'idée que Washington commerce avec une Chine non-démocratique mais s'arc-boute sur Cuba. Paradoxe, l'embargo n'a pas isolé Cuba du reste du monde ? même si l'île n'est pas présente au sommet de Trinidad, qui ne réunit que des démocraties ? mais il a isolé les États-Unis de leurs voisins du Sud, notamment sur des sujets clés tels que la sécurité et la lutte contre le trafic de drogue. n
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